"L'Amérique a besoin de vous" : comment Trump surfe sur ses inculpations pour appeler aux dons

Le candidat à l'élection présidentielle américaine 2024 tire profits de ses récentes inculpations pour mobiliser ses troupes et les encourager à faire des dons pour sa campagne.

"Notre république ne tient qu'à un fil et l'Amérique a besoin de vous maintenant". Après avoir fait l'objet d'une nouvelle inculpation (la quatrième en moins d'un an) lundi pour avoir tenté d'inverser le résultat de l'élection présidentielle de 2020 dans l'État de Géorgie, Donald Trump a envoyé un email à ses soutiens pour les appeler à le soutenir financièrement, relate le quotidien britannique The Daily Mail.

Une pratique dont le milliardaire est devenu coutumier et qui vise non seulement à payer ses frais judiciaires mais aussi à lui assurer une manne précieuse dans le cadre de sa campagne pour l'élection 2024, dans un pays où les partis dépensent plusieurs milliards de dollars à l'occasion de chaque scrutin présidentiel.

"Merci de faire une contribution pour montrer que vous n'abandonnerez jamais notre pays à la TYRANNIE, alors que l'État profond [appellation complotiste des forces qui dirigeraient secrètement les États-Unis, NDLR] tente de me JETER en prison à vie", a développé l'amateur des messages en lettres majuscules dans son email, envoyé vers 3h du matin.

Quatre millions de dollars en 24 heures

Depuis sa première inculpation au printemps à New York, le tempétueux septuagénaire inonde ses partisans de SMS et d'emails de ce type, renvoyant vers un site où ses soutient peuvent donner entre 24 et plus de 23.000 dollars, et même renouveler cette contribution tous les mois.

Par ailleurs, l'ancien président use et abuse d'un lexique incendiaire. Il affirme que les quatre affaires dans lesquelles il a été inculpé sont "des chasses aux sorcières" et que le président démocrate Joe Biden est une "crapule" à la tête d'une "dictature en toc", qui tente d'"éliminer son principal adversaire politique".

Le résultat est sans appel: l'équipe de campagne du républicain a annoncé avoir levé plus de 4 millions de dollars en 24 heures après sa première inculpation, pour des paiements douteux à une actrice de films pornographiques. Il s'est ensuite vanté d'avoir récolté près de 7 millions de dollars juste après sa deuxième inculpation, pour sa gestion jugée négligente de secrets d'Etat.

Illustration de l'influence que Donald Trump conserve sur sa base, des milliers d'Américains répondent à ses appels aux dons. Le trésor de guerre et la mobilisation de ses partisans sont d'autant plus précieux que les campagnes de levées de fonds du candidat avant ses inculpations n'avaient pas très bien réussi. À chaque nouvelle enquête, le républicain bénéficie désormais de ce que les experts politiques surnomment l'"indictment bump", en français le "rebond lié à l'inculpation".

Effet similaire dans les sondages

Un enthousiasme que l'on retrouve également dans les sondages: depuis sa première inculpation qui avait fait l'objet d'une attention médiatique vertigineuse, l'ancien président a aussi gagné 9 points dans la course pour les primaires républicaines, selon l'agrégateur RealClearPolitics.

"Chaque fois qu'ils m'inculpent, nous grimpons", lance Donald Trump lors de ses meetings de campagne.

Et de prétendre, volontiers provocateur, juste après sa troisième inculpation, qu'il ne lui "manque qu'une inculpation supplémentaire pour gagner cette élection".

Mais si l'ancien président et son entourage se plaisent à vanter les montants faramineux récoltés grâce à ces ennuis judiciaires, ces derniers sont pourtant à double tranchant. La montagne de frais liée à ces inculpations est telle que le candidat n'a désormais d'autre choix que de puiser dans ses fonds de campagne.

Des frais d'avocat qui ne sont ainsi pas dépensés dans des publicités à la télévision, des meetings ou des déplacements. "Trump a déjà dépensé un pourcentage important de ses dons en frais de justice", explique le politologue Larry Sabato à l'AFP. Ces dépenses, prédit ce professeur à l'Université de Virginie, "ne feront qu'augmenter pendant des mois et des mois, voire des années".

Article original publié sur BFMTV.com

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