L'allemand Schaeffler va entrer en Bourse pour se désendetter

Roulements à billes Schaeffler. L'équipementier automobile et industriel allemand veut s'introduire en Bourse à Francfort pour réduire sa dette, sept ans après l'échec de sa tentative de rachat de Continental. /Photo d'archives/REUTERS/Fabian Bimmer

FRANCFORT (Reuters) - L'équipementier automobile et industriel Schaeffler a annoncé lundi son intention de s'introduire en Bourse à Francfort pour réduire sa dette, sept ans après l'échec de sa tentative de rachat de Continental, qui l'avait amené au bord de la faillite.

Cette mise sur le marché, avec une première cotation prévue le 5 octobre, pourrait être la plus importante de l'année en Allemagne, une source proche du dossier estimant que son montant pourrait dépasser nettement 2,5 milliards d'euros.

Schaeffler, qui prévoit de céder un quart environ de son capital, dépasserait Covestro, la filiale de plastiques du géant de la chimie et de la pharmacie Bayer, dont l'entrée en Bourse est prévue le 2 octobre pour un montant de 2,5 milliards. Il pourrait en outre se poser d'emblée comme un candidat sérieux à l'entrée dans le MDax, l'indice allemand des valeurs moyennes.

A titre de comparaison, à la Bourse de Paris, le titre de plus grosse introduction de 2015 revient pour l'instant à Spie, avec 939 millions d'euros.

Schaeffler prévoit de mettre en vente 166 millions de titres, soit 66 millions d'actions nouvelles et 100 millions détenues pour l'instant par une holding de la famille Schaeffler. La fourchette de prix devrait être annoncée lundi prochain.

Le produit de l'opération sera consacré au désendettement de l'entreprise et de la holding, a expliqué le groupe.

"C'est la dernière étape du réajustement financier, du désendettement et de l'ouverture à de nouvelles opportunités de croissance", a dit à Reuters le président du directoire, Klaus Rosenfeld.

L'endettement net de Schaeffler AG s'élevait à 6,2 milliards d'euros fin juin et Schaeffler Holding a fait état d'une dette d'environ 3,6 milliards.

VAGUE D'IPO À FRANCFORT

Cette dette a été creusée principalement par la tentative de rachat de Continental en 2008, avortée en raison de la crise financière. La famille Schaeffler détient encore 46% du capital de Continental.

Klaus Rosenfeld a précisé que parallèlement à l'entrée en Bourse, le groupe prévoyait aussi de consacrer un milliard d'euros de flux de trésorerie à la réduction de la dette d'ici 2018.

Le groupe d'Herzogenaurach, en Bavière, prévoit de ramener sa dette à moins de 1,5 fois son excédent brut d'exploitation (Ebitda) d'ici trois ans, contre 2,8 fois fin juin.

Malgré la confiance affichée, Schaeffler n'est pas totalement immunisé contre les retombées des difficultés économiques actuelles de la Chine: il a revu lundi à la baisse sa prévision de croissance du chiffre d'affaires pour cette année, à environ 4-5% contre 5-7% jusqu'à présent, arguant d'une évolution moins favorable de ses marchés, notamment en Chine.

Outre Schaeffler et Covestro, la Bourse de Francfort doit accueillir le mois prochain le spécialiste des petites annonces en ligne Scout24.

Et d'autres grandes entreprises, comme le spécialiste du transport maritime Hapag-Lloyd et celui des matériaux de construction Xella devraient leur emboîter le pas.

La conjonction de ces projets s'explique par la volonté des entreprises candidates de tirer profit de la bonne tenue des marchés actions européens mais aussi de la perspective d'une remontée des taux d'intérêt, qui risque de détourner une partie des investisseurs vers les marchés de taux fixes.

Ce mouvement n'inquiète pas outre mesure les banques, qui affichent leur confiance dans la capacité d'absorption du marché.

"Des actifs importants et incontournables n'auront aucune difficulté à trouver une demande suffisante. De grands fonds vont probablement vendre certains titres ou d'autres équipementiers auto pour investir dans Schaeffler", a dit un banquier qui a requis l'anonymat.

"Les investisseurs ont encore beaucoup de liquidités à leur disposition", a-t-il ajouté.

(Maria Sheahan et Arno Schütze; Marc Angrand pour le service français, édité par Véronique Tison)