L'Allemagne tente de gérer la situation après une cyberattaque

Les autorités allemandes organisaient jeudi leurs systèmes de défense informatique après une cyberattaque très sophistiquée qui a visé les ordinateurs de plusieurs ministères mais dont l'origine n'a pas encore été établie avec précision. /Photo prise le 1er mars 2018/REUTERS/Fabrizio Bensch

par Thorsten Severin et Andrea Shalal

BERLIN (Reuters) - Les autorités allemandes organisaient jeudi leurs systèmes de défense informatique après une cyberattaque très sophistiquée qui a visé les ordinateurs de plusieurs ministères mais dont l'origine n'a pas encore été établie avec précision.

Le président d'une commission de contrôle parlementaire a précisé que l'attaque était toujours en cours et que les services de sécurité travaillaient à contrôler la situation.

"Il s'agit d'une véritable cyberattaque contre des parties du réseau gouvernemental", a déclaré le député conservateur Armin Schuster. "Le processus est toujours en cours", a-t-il ajouté sans fournir de détails.

"La perte de données sensibles constitue en soi un dommage important", a-t-il ajouté. "Mais nous pouvons dire que le gouvernement allemand tente, pour autant que nous le sachions, de contrôler la situation".

Le ministre allemand de l'Intérieur Thomas de Maizière a reconnu, lui-même, que cette cyberattaque confirmée mercredi et visant les ordinateurs de plusieurs ministères présentait un grand degré de sophistication technique et avait été préparée longtemps à l'avance.

De Maizière a précisé que les services de sécurité tentaient de rassembler des informations sur la manière dont cette attaque a été menée et que des "initiatives étaient en cours".

Cette cyberattaque, menée à l'aide de logiciels malveillants particulièrement complexes, visait des données plus sensibles que lors de la cyberattaque de 2015 contre le parlement allemand, a déclaré un dirigeant conservateur.

Patrick Sensburg, qui siège à la commission parlementaire du Renseignement, a déclaré à la chaîne publique ZDF qu'il importait d'analyser la cyberattaque, que le gouvernement allemand a décrite comme un acte "isolé" et contenu.

Selon lui, il est trop tôt pour établir un lien entre cette cyberattaque - comme l'ont fait certains médias allemands - et le groupe de hackers russes APT28, même si, a-t-il ajouté, il existe suffisamment d'éléments permettant de penser que le groupe a des liens avec l'un des services d'espionnage russes.

La ministre de l'Economie, Brigitte Zypries, a déclaré jeudi qu'il n'y avait pour l'instant aucune preuve que la Russie était à l'origine de cette attaque, mais que ce serait "problématique" si cela était le cas.

"Il n'y a aucune discussion à ce sujet. Nous ne pouvons rien dire pour l'instant", a-t-elle dit à la presse.

Cette attaque informatique visait le ministère des Affaires étrangères, ont précisé des parlementaires. Elle est la dernière en date d'une série d'agressions qui ont touché des institutions, la chancelière Angela Merkel et d'autres personnalités et partis politiques.

A en croire des médias allemands, la cyberattaque a aussi visé les ordinateurs du ministère de la Défense et a réussi à subtiliser des données. Selon des sources proches des services de sécurité citées par les médias, les responsables de la sécurité ont constaté la cyberattaque en décembre.

(Andrea Shalal; Eric Faye pour le service français)