L'affaire Rahman, un nouveau choc des civilisations ?

“Quel intérêt ont les Etats-Unis à installer un gouvernement en Afghanistan si celui-ci ne fait même pas semblant de respecter les droits de l’homme ?” s’interroge le New York Times face à l’arrestation d’Abdul Rahman, un Afghan de 41 ans converti au christianisme. Poursuivi pour avoir abjuré l’islam, Abdul Rahman risque la peine de mort. Il s’est converti il y a seize ans, alors qu’il vivait au Pakistan et travaillait pour une ONG chrétienne. Il a ensuite vécu plusieurs années en Allemagne. En 2005, il est revenu sur sa terre natale et a demandé à récupérer la garde de ses enfants, confiés à des membres de sa famille. Ce sont ces derniers qui l’ont dénoncé à la police de Kaboul.

“Douze caricatures publiées dans un journal danois ont servi de prétexte aux musulmans radicaux pour déclencher des émeutes sanglantes. Aujourd’hui, un homme converti au christianisme risque la mort en Afghanistan, et les Afghans disent à l’Occident de ne pas se mêler de cette affaire. Comment est-ce possible ?” s’insurge le magazine allemand Der Spiegel. Et le quotidien Die Welt enchaîne : “Chez nous, on construit des mosquées, on pratique la liberté de culte et on est même prêt à céder au chantage qu’on nous fait à cause de quelques mauvais dessins sur Mahomet. Dans les pays musulmans, les fidèles d’autres religions sont harcelés, les convertis sont emprisonnés, voire exécutés ou lynchés. Le fossé entre la modernité et le Moyen Age est on ne peut plus visible.”

A l’affaire des caricatures du prophète Mahomet succède l’affaire Rahman, écrit le quotidien danois Information. “L’affaire Rahman symbolise l’antagonisme croissant entre les forces fondamentalistes des mondes chrétien et musulman. Il serait donc malvenu de répondre à la force par la force ou de menacer le gouvernement afghan de retirer les troupes de l’OTAN qui y sont stationnées si la procédure contre Rahman n’était pas suspendue. Réclamer une intervention politique dans une procédure judiciaire afghane serait également une grosse erreur lorsque l’on sait que le gouvernement danois a rejeté une demande identique du monde arabe dans l’affaire des caricatures. Néanmoins, si cela devait s’avérer nécessaire pour sauver la vie de Rahman et la Constitution afghane, il n’y aurait pas d’autre choix”, estime le journal.

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