L'affaire Ferrand "tombe mal" avant la loi de moralisation

Le gouvernement et La République en Marche ont fait front mercredi pour soutenir Richard Ferrand (photo), ministre de la Cohésion du territoire, au lendemain de révélations du Canard enchaîné sur ses anciennes activités professionnelles. /Photo prise le 18 mai 2017/REUTERS/Charles Platiau

PARIS (Reuters) - Le gouvernement et La République en Marche ont fait front mercredi pour soutenir Richard Ferrand, ministre de la Cohésion du territoire, au lendemain de révélations du Canard enchaîné sur ses anciennes activités professionnelles. "Ça tombe mal", a reconnu sur Europe 1 le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner, alors qu'une loi sur la moralisation de la vie publique doit être présentée au conseil de ministres avant les législatives du 11 et 18 juin. "Une chose est sûre, il n'y a rien d’illégal, il n'y a rien qui ne serait pas moral", a-t-il ajouté, faisant écho à la réaction, mardi, des services du Premier ministre. Richard Ferrand a dirigé les Mutuelles de Bretagne entre 1990 et 2012. Depuis 2011, l'entreprise loue des locaux à Brest à une société appartenant à sa compagne, rapporte le Canard enchaîné dans son édition datée de ce mercredi. Benjamin Griveaux, porte-parole de LREM, dont Richard Ferrand a été le secrétaire général, estime que le ministre n'a enfreint "aucune" loi. "On est dans le cadre d'une entreprise privée, il n'y a pas d'argent public qui est en jeu", a-t-il dit sur franceinfo, interrogé sur la concordance entre cette affaire et la loi prévue par le ministre de la Justice, François Bayrou. Marine Le Pen, évoquant un "enrichissement personnel parfaitement immoral", a réclamé la démission du ministre de la Cohésion du territoire, nommé mercredi dernier. "Cette affaire est très proche de (celle touchant) François Fillon", a ajouté la présidente du Front national dans l'émission "Questions d'info" (France Info-LCP-Le Monde-AFP). Richard Ferrand a dénoncé dans un communiqué publié dans la nuit de mardi à mercredi "des dénonciations calomnieuses". "Cette décision a été prise dans la pleine connaissance des liens qui unissaient Richard Ferrand et la propriétaire des locaux, dans le respect de toutes les règles en vigueur par le Conseil d’administration, seul décisionnaire, et dont Richard Ferrand n’a jamais été membre", déclare le ministre, mettant en avant que le loyer proposé par l'entreprise de sa compagne était inférieur au prix du marché. L'actuel président des Mutuelles de Bretagne, Rémi Salaün, a apporté son soutien au ministre, insistant, dans une lettre adressée au directeur de l'hebdomadaire satirique, sur le fait que Richard Ferrand a "pris une large part au redressement de [l'] Union mutualiste". Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a demandé de son côté que le Premier ministre et le ministre de la Justice s'expriment sur la situation de Richard Ferrand. "Nous soutenons également la loi sur la transparence, encore faudrait-il qu’elle soit appliquée à Richard Ferrand", a-t-il dit sur Radio Classique, "je demande à ce propos que le Premier ministre et le Garde des sceaux s’expriment à ce sujet." (Cyril Camu, avec Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)