LAFARGE EN SYRIE Les négociations avec Daech sous l’œil du renseignement

«Libération» révèle le contenu de notes déclassifiées des services français, qui mettent en lumière les transactions entre un membre très haut placé de l’Etat islamique et un intermédiaire du cimentier, quelques semaines avant les attentats de Paris.

Depuis le début de l’enquête sur les agissements de Lafarge en Syrie, une incertitude plane. Si l’existence de versements à l’Etat islamique a été reconnue par plusieurs dirigeants de l’entreprise, il reste un angle mort.

Jusqu’où l’appareil de l’Etat, et notamment les services de renseignement français, était au courant des négociations secrètes entre un intermédiaire de la multinationale et l’organisation terroriste ? Un début de réponse, sulfureux, apparaît désormais dans la procédure judiciaire. En s’acharnant pour maintenir son activité pendant la guerre, la société Lafarge a offert à l’Etat islamique un véritable magot. La prise de l’usine, en septembre 2014, permet à l’organisation terroriste de mettre la main sur des milliers de tonnes de ciment, et donc des millions de dollars, sous l’œil des services de renseignement français. Le contenu des notes déclassifiées de ces services, que révèle Libération, permet de documenter l’ampleur de la manne obtenue avec la probable implication de l’un des plus hauts dirigeants de l’Etat islamique.

18 septembre 2014. Une trentaine de salariés syriens sont encore présents dans la cimenterie de Jalabiya, dans le nord du pays. Ils sont avertis par des villageois de l’arrivée imminente des combattants de l’Etat islamique et se sauvent en catastrophe dans la nuit. Cette situation cauchemardesque clôt trois années pendant lesquelles la multinationale française s’est acharnée pour maintenir son activité au milieu des combats. Huit cadres de la société, dont deux ex-PDG, sont mis en examen pour «financement du terrorisme» ou «mise en danger de la vie d’autrui». Tandis que Lafarge SA, en tant que personne morale, a été mis en examen fin juin, notamment pour «complicité de crimes (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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