Lafarge, cadres sous pression

Une cimenterie du groupe français Lafarge, le 7 avril 2014 à Paris

Dépendance financière, clauses louches... L’entreprise aurait multiplié les moyens d’acheter le silence de ses dirigeants.

Après la mise en examen de six ex-dirigeants du cimentier début décembre, le tour de la personne morale Lafarge SA pourrait venir. «Ce serait une suite logique», confie l’avocat de l’un des six. Et «la responsabilité de LSA pourrait être établie», pointe le rapport interne commandé par la direction après la fusion de Lafarge avec Holcim. Mais en sus du financement du terrorisme et de la mise en danger de la vie d’autrui, un autre soupçon pèse sur la personne morale que constitue désormais le nouvel ensemble : avoir tenté de faire pression ou d’influencer les protagonistes de l’affaire.

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C’est le directeur général de la cimenterie syrienne jusqu’à l’été 2014, Bruno Pescheux, qui a levé le voile en cours d’enquête. En août, son employeur lui envoyait un avis de licenciement pour faute grave : il aurait «dissimulé» les versements litigieux à sa direction, qui prétend dans ce courrier les avoir «découverts» dans la presse… Colère de Pescheux contre cette «ignoble» missive qui tente de réécrire l’histoire et de lui faire porter seul le chapeau, lui qui martèle que sa gestion, en pleine guerre, avait été «validée au plus haut niveau» de Lafarge SA. A l’entendre, sa lettre de licenciement aurait été précédée d’une proposition visant à «acheter son silence».

«Flou». Finalement, la nouvelle direction de Lafarge-Holcim a renoncé à le licencier : Pescheux reste salarié mais, âgé de 62 ans, se voit dispensé d’activité jusqu’à sa retraite. Pour les enquêteurs, il se retrouve dès lors «sous la dépendance économique» du cimentier, avec un «risque de concertation» en marge de la procédure pénale. A ce titre, les juges d’instruction ont demandé qu’il soit placé en détention après sa mise en examen. Refus du juge des libertés et de la détention (JLD), qui s’est contenté de lui interdire (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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