Ladj Ly dénonce la police qui "a carte blanche pour tuer les jeunes sans être jamais condamnée"

Quatre ans après le succès des Misérables, Ladj Ly accuse de nouveau la police de violences. Le réalisateur a profité de l'avant-première mondiale de son nouveau film Bâtiment 5 au Festival international du film de Toronto (TIFF) pour réitirer son propos.

"C'est un problème récurrent en France: des actes de violence et des meurtres par la police dans ces quartiers [dans les banlieues]", a-t-il expliqué à la revue spécialisée Deadline. "Malheureusement, cela arrive tous les mois. L'histoire ne cesse de se répéter."

"J'en parlais il y a quatre ans [à la sortie des Misérables] et quatre ans plus tard, la situation s'est aggravée", a-t-il poursuivi en référence à la mort en juin dernier de Nahel Merzouk, adolescent tué à bout portant par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre. "La police a carte blanche pour tuer ces jeunes sans être jamais condamnée. C'est un fait et les chiffres le prouvent."

"C'est la police qui dicte la loi aux ministres"

Des propos également tenus par le réalisateur lors d'une conférence animée samedi par le Hollywood Reporter, rapporte Première: "La police a le feu vert pour tuer les Noirs et les Arabes. Le gouvernement ne donne plus l'impression d'avoir le contrôle sur les forces policières."

"Il n'y absolument aucune volonté politique d'améliorer les choses", a-t-il également affirmé lors de la même rencontre. "Les problèmes qui touchaient les banlieues se sont maintenant étendus au reste de la France."

"C'est la police qui dicte la loi aux ministres. C'est terrible. Pour moi, on va droit vers une guerre civile", a estimé enfin le réalisateur lors de cette conférence, avant de rappeler qu'Athena, co-écrit avec Romain Gavras, abordait déjà ce sujet.

La crise grandissante du logement

Bâtiment 5, dont la sortie est prévue le 6 décembre, s'attaque à la crise grandissante du logement, sur fond de tensions raciales, de pauvreté, de préjugés et de bavures policières.

"Il y a différentes problématiques - de délogement, de gentrification", a évoqué Ladj Ly auprès de l'AFP, soulignant que "beaucoup d'habitants ont été délogés pour être logés dans des quartiers encore plus délabrés ou bien lointains".

Le film suit Habi (Anta Diaw), jeune femme originaire d'une banlieue défavorisée de la région parisienne, qui s'implique dans les associations d'aide aux habitants et devient rapidement une figure politique de la ville.

Lorsqu'elle découvre le nouveau plan de réaménagement de son quartier, mené en catimini par le maire, elle se lance dans un bras de fer contre la municipalité pour empêcher la destruction de l'immeuble où elle a grandi.

Article original publié sur BFMTV.com