Lacrymos contre boules de neige en Russie : une rare manifestation anti-kremlin fait des blessés

INTERNATIONAL - En Russie, des échauffourées ont éclaté mercredi 17 janvier entre des milliers de manifestants et la police, dans une petite ville de l’Oural, après la condamnation d’un opposant régional critique de l’assaut en Ukraine, un événement rare en Russie dans un contexte de répression tous azimuts.

La police a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « émeutes de masse » après ces manifestations à Baïmak, dans la république du Bachkortostan, dispersées avec du gaz lacrymogène tandis qu’une vingtaine de personnes ont été arrêtées, selon l’ONG spécialisée OVD-Info.

Quelque 6000 personnes protestaient devant le tribunal où était jugé le militant Faïl Alsynov, a raconté cette organisation. Comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article, on pouvait voir une foule de personnes chaudement vêtues jeter des boules de neige par -20°C sur des policiers munis de boucliers et d’autres scandant : « Honte ! ».

Prison pour les manifestants ?

Des images ont également montré des manifestants toussant fortement et s’essuyant les yeux après l’utilisation du gaz lacrymogène par les forces de l’ordre dans cette ville de quelque 17.000 habitants située non loin du Kazakhstan.

Les protestataires encourent désormais jusqu’à 15 ans de prison si l’accusation de participation à une « émeute » est retenue.

Selon OVD-Info, qui documente les manifestations et les arrestations en Russie et vient en aide aux opposants, « des dizaines de personnes ont été blessées » et l’accès à Internet mobile est « presque » totalement coupé sur place.

Une telle explosion de colère dans la rue est devenue rarissime en Russie, où toute critique du pouvoir peut être passible d’une peine de prison.

Les précédents mouvements d’ampleur dans la rue remontaient à l’automne 2022, au moment de la campagne de mobilisation de centaines de milliers de réservistes, des civils donc, pour renforcer les rangs de l’armée engagée en Ukraine.

« Lutter pour la justice »

Faïl Alsynov, un militant qui lutte notamment contre l’exploitation des ressources énergétiques au Bachkortostan et qui a dénoncé l’assaut russe en Ukraine, avait été condamné plus tôt mercredi à Baïmak à quatre ans de prison pour « incitation à la haine ».

C’est ce jugement, rendu à huis clos, qui a conduit des milliers de ses partisans à manifester devant le tribunal. L’affaire remonte à l’année dernière : dans un discours contre l’exploitation de mines d’or, Faïl Alsynov avait utilisé deux mots en bachkir, la langue locale, qualifiés de racistes par les autorités.

Le militant affirme depuis que ses propos ont mal été traduits en russe : « Je ne reconnais pas ma culpabilité. J’ai toujours lutté pour la justice, pour mon peuple, pour ma république », s’est-il encore défendu après l’annonce du verdict. « Nous ferons appel ».

Dans son jugement, le tribunal de Baïmak a quant à lui statué que les propos de Faïl Alsynov avaient eu pour but d’« inciter à la haine et d’humilier la dignité d’un groupe de personnes sur la base de la race, de la nationalité, de la langue ou de l’origine ».

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