La Turquie se plaint de manoeuvres grecques en mer Egée

ISTANBUL (Reuters) - La Turquie a accusé vendredi la Grèce d'effectuer des manoeuvres sur une île de la mer Egée en violation du droit international, dans un contexte de tensions croissantes entre les deux voisins de Méditerranée orientale, tous deux membres de l'Otan. Le ministère turc des Affaires étrangères a dit être au courant du parachutage de forces spéciales grecques sur l'île de Kos, alors qu'un traité de 1947 bannit de tels entraînements sur l'île du Dodécanèse. Une source du ministère de la Défense a confirmé qu'un exercice impliquant des parachutistes avait été lancé en début de semaine. "Le programme de formation des forces armées grecques ne va pas s'interrompre", a-elle ajouté. La Turquie a averti qu'elle prendrait des mesures si nécessaire. "Nous appelons notre voisin la Grèce à s'abstenir de toute action unilatérale qui (...) pourrait provoquer des tensions et sont contraires au droit international", a déclaré le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères. Ankara ne décolère pas depuis la décision de la justice grecque, la semaine passée, de refuser l'extradition de huit militaires soupçonnés d'avoir pris part au coup d'Etat manqué commis en juillet. Mercredi, Athènes a signalé des incursions caractérisées d'un avion militaire turc au dessus de la mer Egée, ce que le ministre grec de la Défense Panos Kammenos a qualifié de "comportement de cow-boy". L'archipel du Dodécanèse, occupé par l'Italie pendant la Seconde Guerre mondiale, a été démilitarisé et cédé à la Grèce par le traité de Paris de 1947. Mais Athènes, qui estime que la Turquie n'était pas partie de ce traité en raison de sa position de neutralité pendant le conflit, a commencé à remilitariser certaines îles après l'invasion turque de la partie nord de Chypre en 1974. La Grèce et la Turquie, ennemis historiques, avaient failli s'engager dans une guerre en 1996 à propos d'îlots inhabités connus sous le nom d'Imia en grec et de Kardak en turc. Les deux pays, qui appartiennent à l'Otan, jouent un rôle central dans la gestion de la crise des migrants. (Humeyra Pamuk, avec Michele Kambas à Athènes; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)