La Turquie renforce encore son contrôle d'internet

ANKARA (Reuters) - Le Parlement d'Ankara a adopté lundi soir une loi renforçant le contrôle d'internet par l'autorité turque des télécoms, quelques semaines après l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement censé ouvrir le chapitre d'une "nouvelle Turquie". Le texte étoffe une législation votée en février dernier qui facilite déjà le blocage de pages web par les autorités sans décision de justice préalable, pour violation de la vie privée. La nouvelle loi étend ces prérogatives en permettant à l'autorité des télécoms TIB de bloquer tout site pour des questions "de sécurité nationale, de restauration de l'ordre public et de prévention des crimes". Le texte donne aussi au TIB, qui dépend des services du Premier ministre, accès à l'historique de navigation d'un internaute sans l'aval d'un tribunal. Recep Tayyip Erdogan, Premier ministre depuis 2003, a été élu président de la Turquie le 10 août dernier, résistant à l'usure du pouvoir, à un mouvement de contestation né sur la place Taksim d'Istanbul à l'été 2013 et à un vaste scandale de corruption impliquant plusieurs de ses ministres. Erdogan affirme que ce scandale, largement relayé sur internet, est le fruit de la conspiration mûrie par un ancien allié devenu rival, l'imam Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis. "Aujourd'hui naît une Turquie nouvelle", a lancé à la fin août le nouveau chef de l'Etat, issu du conservatisme islamique. (Humeyra Pamuk; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)