Reprise du travail bloquée dans les mines sud-africaines

MARIKANA Afrique du Sud (Reuters) - Des ouvriers grévistes munis de bâtons se sont rassemblés mercredi devant la mine de Marikana en Afrique du Sud pour empêcher la reprise du travail, après seize semaines de grève dans la ceinture de platine sud-africaine. Le National Union of Mineworkers (NUM) a déclaré que ses membres n'avaient pas pu reprendre le travail en raison d'actes d'intimidation de la centrale syndicale rivale, l'ACMU (Association of Mineworkers and Construction Union). Quatre personnes ont été assassinées aux abords des mines de platine au cours des quatre derniers jours, sans que personne n'ait été arrêté. Des piquets de grève portant des tee-shirts de l'ACMU ont prévenu qu'ils bloqueraient quiconque chercherait à descendre dans les puits. La police a dépêché des hommes sur place pour escorter les mineurs qui souhaitaient se rendre au travail. Affichant sa fermeté, le ministre sud-africain de la Police, Nathi Mthethwa, a déclaré que les instigateurs de la campagne d'intimidation en cours seraient arrêtés "dans les heures à venir". "Nous n'accepterons pas l'anarchie", a-t-il assuré. Le propriétaire de la mine, Lonmin, espérait un "retour massif" des ouvriers pour en finir avec ce mouvement qui paralyse également ses concurrents Anglo American Platinum et Impala Platinum. L'ACMU réclame un doublement du salaire minimum pour les mineurs. Depuis la rupture des négociations entre le syndicat et les groupes miniers il y a trois semaines, les employeurs présentent leurs offres salariales directement aux mineurs, au moyen de SMS ou de courriels. Parmi les plus longues et les plus coûteuses de l'histoire du secteur, la grève a réduit de 40% la production mondiale de platine et fait grimper l'once de platine sur le marché au comptant à 1.470 dollars, son plus haut niveau depuis deux mois. Le président de l'ACMU, Joseph Mathunjawa, a harangué mercredi des milliers de mineurs en grève, près de l'endroit où, en août 2012, 34 grévistes membres du syndicat avaient été tués par la police. Il a exhorté la foule à ne pas "laisser sacrifier l'esprit des ouvriers par des SMS". "Restons forts! Oui, c'est difficile, mais serrons-nous les coudes, restons forts! En avant!", a-t-il lancé aux mineurs. (Zandi Shabalala, Ed Stoddard; Jean-Stéphane Brosse et Eric Faye pour le service français)