La Syrie est devenue une vaste "salle de torture", dit l'Onu

GENEVE (Reuters) - Le Haut-Commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme, Zeïd Ra'ad al Hussein, a appelé mardi à la libération des dizaines de milliers de détenus incarcérés dans les prisons syriennes et estimé que traduire devant la justice ceux qui pratiquent la torture était une condition essentielle pour conclure la paix dans ce pays. "Aujourd'hui, d'une certaine façon, la totalité de ce pays est devenue une salle de torture, un lieu d'horreur et d'injustice absolue", a-t-il dit devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies. "Il faut que les responsables rendent des comptes, que l'on établisse la vérité et que l'on verse des dédommagements, pour que le peuple syrien puisse un jour parvenir à la réconciliation et à la paix. Cela ne peut être négociable", a-t-il dit devant le conseil, à Genève, à l'ouverture d'une séance consacrée à la Syrie. Zeïd a appelé les belligérants à cesser de pratiquer la torture et à libérer les détenus, ou au moins à fournir des informations essentielles aux familles. La délégation du régime syrien n'a pas participé à la réunion du Conseil des droits de l'homme à Genève mais a démenti tout recours systématique à la torture. L'émissaire de la Russie, principal allié de Damas, a estimé que cette réunion n'était rien moins que la "perte d'un temps précieux". A en croire Fadel Abdoul Ghani, directeur de l'ONG Réseau syrien des droits de l'homme, 87% des personnes détenues en Syrie sont incarcérées dans les prisons du régime. "Le régime surpasse tous les autres, avec près de 92.000 personnes incarcérées dans ses centres de détention", dit Abdoul Ghani, d'après qui beaucoup d'entre elles subissent "d'horribles actes de torture". Selon un nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), la guerre civile qui a commencé en 2011 a fait environ 465.000 morts et disparus en Syrie. (Stéphanie Nebehay et Tom Miles; Eric Faye pour le service français)