La Russie bloque une déclaration de l'Onu sur la Corée du Nord

La Russie s'est opposée jeudi à l'adoption par le Conseil de sécurité de l'Onu d'une déclaration condamnant le dernier tir de missile nord-coréen parce que le texte rédigé par les Etats-Unis le désignait comme un missile balistique intercontinental. /Photo d'archives/REUTERS/Peter Kovalev

NATIONS UNIES (Reuters) - La Russie s'est opposée jeudi à l'adoption par le Conseil de sécurité de l'Onu d'une déclaration condamnant le dernier tir de missile nord-coréen parce que le texte rédigé par les Etats-Unis le désignait comme un missile balistique intercontinental (ICBM), a-t-on appris de sources diplomatiques. Les déclarations du Conseil de sécurité de l'Onu doivent être approuvées à l'unanimité de ses 15 membres, mais sans vote -- à la différence des résolutions, qui sont contraignantes. Les Etats-Unis n'ont pas encore fait savoir s'ils continueraient à négocier avec la Russie pour trouver un compromis. Moscou considère que le missile testé mardi par la Corée du Nord était de portée intermédiaire, et non intercontinental comme l'a affirmé Pyongyang, et jugé probable Washington. "Sur la base de notre évaluation, nous ne pouvons pas confirmer que le missile peut être classé dans la catégorie ICBM", a indiqué la mission russe à l'Onu dans un courriel adressé aux autres membres du Conseil de sécurité. L'ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley, a vivement critiqué la décision de la Russie de s'opposer à la condamnation du tir d'un missile dont certains experts estiment qu'il pourrait atteindre l'Alaska ou Hawaï, menaçant pour la première fois directement le territoire américain. "Si vous avez besoin de renseignements pour confirmer que le reste du monde considère (le tir) comme un missile balistique intercontinental, je serais heureuse de vous les fournir", a-t-elle déclaré. Elle a ajouté que Washington proposerait dans les prochains jours l'adoption de nouvelles sanctions onusiennes contre la Corée du Nord, précisant que si la Chine et la Russie s'y opposent, les Etats-Unis agiront de manière unilatérale. Sans définir de sanctions, elle a évoqué de possibles options. "La communauté internationale peut couper les principales sources de devises du régime nord-coréen. Nous pouvons réduire le flux de pétrole vers leur armée et leur programme d'armement. Nous pouvons augmenter les restrictions aériennes et maritimes. Nous pouvons tenir pour responsables de hauts dignitaires du régime", a déclaré Nikki Haley au Conseil de sécurité. Plusieurs diplomates rapportent que Washington a fait part de ces options à Pékin il y a deux mois, sans succès, la Chine s'étant contenté d'approuver l'ajout de nouvelles personnes et entités sur la liste des sanctions des Nations unies, en juin. (Michelle Nichols; Tangi Salaün et Julie Carriat pour le service français)