La réforme constitutionnelle largement approuvée au Rwanda

KIGALI (Reuters) - Les électeurs rwandais ont massivement voté vendredi par référendum la réforme constitutionnelle autorisant le président Paul Kagame à rester plus longtemps au pouvoir, potentiellement jusqu'en 2034, selon les résultats partiels publiés samedi par la Commission électorale. Le président Kagame, qui est âgé de 58 ans, pourra se présenter pour un troisième mandat en 2017, à la fin de son deuxième mandat de sept ans. "La commission électorale déclare en public que 98,3% des Rwandais votant ont accepté la constitution telle qu'amendée en 2015", a déclaré le président de la commission électorale Kalisa Mbanda lors d'une conférence de presse. Les résultats définitifs sont attendus lundi. Le texte permettrait en théorie au président de demeurer à la tête de l'Etat jusqu'en 2034. Il autoriserait le président sortant à briguer un nouveau mandat de sept ans en 2017 puis deux mandats de cinq ans par la suite. L'ancien chef de la rébellion tutsie contrôle le Rwanda depuis que ses troupes du FPR (Front patriotique rwandais) ont marché sur Kigali pour mettre fin au génocide du printemps 1994. Il a été élu président en 2003 puis réélu triomphalement en 2010. Les Etats-Unis ont salué à maintes reprises l'action menée par Paul Kagame pour rebâtir le pays depuis le génocide mais ils ont jugé récemment que le chef de l'Etat devait céder la place en 2017 à une nouvelle génération de dirigeants. Le projet de réforme n'a toutefois pas suscité de protestations au Rwanda, contrairement à d'autres pays africains comme le Burundi ou la République du Congo où les présidents ont modifié la Constitution pour prolonger leurs mandats. Paul Kagame, qui est issu de la minorité tutsie, décimée pendant le génocide par la majorité hutue, exhorte les Rwandais à s'identifier à une nation plutôt qu'à leur appartenance ethnique. En dépit de ses succès sur les fronts économiques ou sociaux, son gouvernement est accusé de réprimer l'opposition politique et les médias, ce qu'il nie. Le petit Parti démocratique vert du Rwanda (DGPR), la seule véritable formation d'opposition, a déposé un recours contre l'organisation du référendum qui a été rejeté. Le gouvernement fait valoir quant à lui que cette réforme constitutionnelle a été demandée par le peuple, une pétition réunissant 3,7 millions de signatures, sur une population totale de 11 millions d'habitants, ayant été adressée au parlement. (Clement Uwiringiyimana; Jean-Stéphane Brosse, Nicolas Delame et Danielle Rouquié pour le service français)