La prudence domine avant le G7, doutes sur Apple à Wall Street

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Paris exceptée, les principales Bourses européennes ont terminé en repli vendredi, les investisseurs privilégiant les actifs les moins risqués à quelques heures de l'ouverture d'un sommet du G7 dominé à l'avance par les tensions commerciales et à quelques jours de décisions clés de la Réserve fédérale américaine et de la Banque centrale européenne (BCE).

À Paris, le CAC 40 a fini in extremis dans le vert avec une progression de 0,03% (1,86 point) à 5.450,22 points après avoir perdu jusqu'à 0,79% pour se rapprocher du seuil des 5.400.

A Londres, le FTSE 100 a perdu 0,3% et à Francfort, le Dax a reculé de 0,35%. L'indice EuroStoxx 50 a cédé 0,36%, le FTSEurofirst 300 0,25% et le Stoxx 600 0,21%.

Le repli a été nettement plus marqué pour la Bourse de Milan, qui a rechuté de 1,89% après une nouvelle mise en garde du gouverneur de la Banque d'Italie contre le risque de dérapage des finances publiques.

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans le rouge, le Dow Jones cédant 0,02% et le Nasdaq Composite 0,2%.

Les marchés actions américains sont freinés entre autres par la baisse de 1,49% d'Apple après un article du Nikkei selon lequel le groupe californien a prévenu certains de ses fournisseurs qu'ils devaient s'attendre à une baisse de 20% de ses commandes de composants au deuxième semestre en prévision d'un ralentissement des ventes d'iPhone.

L'information pèse sur le secteur des semi-conducteurs: Intel abandonne 1,87%, Broadcom 1,07% et Lumentum 4,26%. En Europe, AMS a perdu 6,13%, STMicroelectronics 0,94%.

Mais avant même le repli d'Apple et de ses fournisseurs, la tendance était morose sur les marchés d'actions, des indicateurs économiques décevants étant venus s'ajouter aux tensions commerciales.

En Allemagne, la production industrielle a nettement baissé en avril et les exportations ont reculé, ce qui entretient les craintes d'un ralentissement marqué de la première économie d'Europe. En France, la production industrielle a poursuivi son repli en avril.

Du côté du G7, le ton reste tendu avant même les premiers débats des chefs d'Etat et de gouvernement.

Après les accusations de Donald Trump visant la France et le Canada, auxquels il reproche de créer "des barrières douanières non monétaires" et d'imposer des droits de douane "énormes" aux produits américains importés, la présidence française a souligné la "détermination" d'Emmanuel Macron.

DOLLAR ET YEN EN HAUSSE, RENDEMENTS OBLIGATAIRES EN BAISSE

Au-delà des postures politiques, les observateurs craignent que les discussions du G7 ne suffisent pas à éviter la mise en application de nouveaux droits de douane dommageables pour la croissance mondiale.

"La politique commerciale hostile des Etats-Unis a déjà un impact, avant même l'application effective des nouveaux droits de douane", constate Oxford Economics au vu des derniers indicateurs. "La conséquence est une dégradation du sentiment général, qui conduit non seulement à une diminution de l'activité exportatrice partout dans le monde mais aussi à d'importantes retombées sur le secteur industriel européen."

Ce contexte risque en outre de compliquer, au cours des prochains mois, la tâche de la Réserve fédérale américaine et de la BCE, qui tiennent la semaine prochaine des réunions de politique monétaire très attendues, la première devant relever son principal taux d'un quart de point tandis que la deuxième pourrait préciser le calendrier de l'arrêt de ses achats d'actifs.

Sur le marché des changes, le dollar profite du repli sur les valeurs refuges et gagne 0,23% face à un panier de devises de référence. L'euro, lui, abandonne 0,31% face au billet vert à 1,1762. Le yen, au contraire, s'apprécie de 0,2% face à la devise américaine et de 0,5% face à la monnaie unique européenne.

Les rendements obligataires sont quant à eux orientés à la baisse: celui du Bund allemand à dix ans, qui avait repassé 0,5% jeudi, revient à 0,449% et son équivalent américain à 2,9296%.

Aux valeurs en Europe, les tensions commerciales ont une nouvelle fois affecté en premier lieu le compartiment automobile, l'un des plus dépendants des exportations: l'indice Stoxx du secteur a cédé 1,1%, Volkswagen 2,15% et BMW 1,14%.

Deutsche Post a chuté de 4,65% après l'annonce d'un nouveau plan de restructuration et la révision à la baisse de son objectif de bénéfice d'exploitation pour cette année.

A la hausse, Kering a repris 5,58% au lendemain d'une chute de 4,15%, un rebond favorisé par plusieurs relèvements d'objectifs de cours.

Ingenico (+4,41%) a profité quant à lui d'une recommandation favorable de Barclays.

Sur l'ensemble de la semaine, le CAC 40 a perdu 0,28% et le Stoxx 600 0,46%, l'un et l'autre enregistrant leur troisième performance hebdomadaire négative d'affilée.

(Édité par Bertrand Boucey)