Les ventes d'AB InBev reculent, surtout aux USA

par Philip Blenkinsop

BRUXELLES (Reuters) - Anheuser-Busch InBev, premier brasseur mondial, a vendu moins de bières que prévu au troisième trimestre, notamment aux Etats-Unis, ce qui lui vaut d'être sanctionné en Bourse.

Le groupe, qui possède les bières Budweiser, Corona ou encore Stella Artois, a enregistré au troisième trimestre un recul de ses ventes de bières de 1,5% globalement en Amérique du Nord, au Brésil, en Europe et en Asie, la baisse la plus prononcée ayant été subie aux Etats-Unis, son principal marché.

AB InBev a souligné que son bénéfice aux Etats-Unis s'était contracté en raison du passage d'ouragans sur le Texas et la Floride, qui ont perturbé les approvisionnements des distributeurs. Au-delà de ces facteurs météorologiques, le groupe a quand même perdu des parts sur le marché américain.

AB InBev estime que les ouragans ont amputé de deux points de pourcentage la croissance du bénéfice brut au troisième trimestre, qui a finalement reculé de 0,7% dans cette région.

Même s'il peut espérer surmonter l'impact de ces ouragans d'ici la fin de l'année, le brasseur reste confronté aux difficultés de ses deux grandes marques américaines, Budweiser et Bud Light, qui souffrent de la concurrence à la fois de bières artisanales haut de gamme et d'autres bières blondes moins chères.

AB InBev a racheté 10 brasseries artisanales ces six dernières années aux Etats-Unis mais leur dynamisme n'a pas empêché un recul global de sa part de marché.

Le titre, qui se traite avec une prime par rapport à ses concurrents Heineken et Carlsberg, cède 2,23% à 10h18 GMT, l'une des plus fortes baisses de l'indice EuroStoxx50 (+0,09%). Il pèse sur l'indice sectoriel européen de l'alimentation et de la boisson (-0,11%).

REDRESSEMENT AU BRÉSIL

"Notre opinion reste que, à moins que et jusqu'à ce qu'AB InBev parvienne à augmenter les volumes de manière durable, son modèle d'entreprise continuera de subir d'importantes pressions", commente James Edwardes Jones, analyste chez RBC Capital Markets.

Bernstein dit de son côté ne pas se souvenir d'un trimestre aussi mauvais pour les ventes d'AB InBev aux Etats-Unis.

Le bénéfice du brasseur au Brésil, son deuxième marché, a en revanche augmenté au troisième trimestre pour la première fois en près de deux ans. Les volumes de vente se sont contractés de 4% dans ce pays mais l'augmentation de 13,1% du prix par litre l'amène à envisager que le pire est peut-être désormais passé sur ce marché.

"Au Brésil, nous restons prudemment optimistes à propos de la situation économique globale avec de bons progrès accomplis jusqu'à présent. Nous restons confiants dans nos plans commerciaux et nous nous attendons en conséquence à un quatrième trimestre très solide", a dit Felipe Dutra, le directeur commercial. "Oui, le Brésil redevient un moteur de croissance."

Le Brésil, première économie d'Amérique latine, émerge lentement et de manière cahoteuse de sa plus grave récession en plus d'un siècle.

Le bénéfice d'AB InBev a augmenté sur d'autres marchés importants comme le Mexique, la Colombie, l'Afrique du Sud et la Chine même si les ventes ont seulement progressé au Mexique.

Globalement, le bénéfice brut (Ebitda) a augmenté de 13,8% à périmètre comparable à 5,73 milliards de dollars (4,85 milliards d'euros) sur le trimestre, ce qui est juste inférieur à la prévision médiane des analystes, qui était de 5,76 milliards.

AB InBev, qui a bouclé l'an dernier le rachat de son concurrent SABMiller, a aussi relevé son objectif de synergies sur trois ans, à compter d'août 2016, à 3,2 milliards de dollars contre 2,8 milliards précédemment. Il dit avoir déjà réalisé 1,75 milliard de dollars d'économies à la suite de cette opération.

(Bertrand Boucey pour le service français)