A la frontière coréenne, Pence souligne la fin de la "patience" des USA

Le vice-président américain, Mike Pence, a souligné lundi la fin de la politique de "patience stratégique" des Etats-Unis à l'égard de Pyongyang lors d'une visite dans la zone démilitarisée séparant les deux Corées. /Photo prise le 17 avril 2017/REUTERS/Kim Hong-Ji

par Roberta Rampton ZONE DÉMILITARISÉE, Corée du Sud (Reuters) - Le vice-président américain, Mike Pence, a souligné lundi la fin de la politique de "patience stratégique" des Etats-Unis à l'égard de Pyongyang lors d'une visite dans la zone démilitarisée séparant les deux Corées. Au lendemain d'un tir raté de missile de Pyongyang, le vice-président est arrivé lundi matin en hélicoptère dans une base militaire américaine en Corée du Sud, à proximité de la frontière avec la Corée du Nord. Un essai de missile a tourné court dimanche après quelques secondes, peu avant l'arrivée à Séoul du vice-président, dans le cadre d'une tournée asiatique de dix jours destinée à souligner l'engagement de Washington dans la région. La zone coréenne démilitarisée (DMZ), une bande de terre large de 4 km semée de mines et bordée de fils barbelés, partage en deux la péninsule coréenne. Des soldats sont constamment postés de part et d'autre. Mike Pence, dont le père est un ancien combattant de la guerre de Corée de 1950 à 1953, a salué l'"alliance à toute épreuve" entre les Etats-Unis et la Corée du Sud et a déclaré que l'objectif de Washington était la paix dans la péninsule. "Toutes les options sont sur la table pour parvenir à cet objectif et garantir la stabilité du peuple de ce pays", a déclaré le vice-président américain, tout en excluant l'idée d'une intervention militaire unilatérale. "Les Etats-Unis se concerteront étroitement avec les dirigeants sud-coréens avant de prendre la moindre décision concernant la Corée du Nord", a-t-il insisté. "Il y a eu une période de patience stratégique mais cette ère de patience stratégique est finie", a néanmoins souligné Mike Pence à des journalistes, alors que le faible son d'une musique de propagande s'échappait du côté nord-coréen. "La Corée du Nord serait bien avisée de ne pas tester la détermination de Trump", a-t-il ajouté plus tard en évoquant, pendant une conférence de presse à Séoul au côté du président sud-coréen par intérim, Hwang Kyo-ahn, le bombardement d'une base en Syrie. Le dirigeant sud-coréen a déclaré pour sa part que les deux pays s'étaient entendus sur une poursuite du déploiement du système de défense antimissile THAAD, malgré l'opposition de Pékin, et à répondre aux mesures de rétorsions commerciales "injustes" prises par la Chine envers la Corée du Sud à ce sujet. LA CHINE INVITÉE À AGIR Les Etats-Unis et leurs partenaires, y compris la Chine, étudient un éventail d'options après le dernier test de missile balistique effectué par la Corée du Nord, a déclaré dimanche le conseiller américain à la sécurité nationale, Herbert Raymond McMaster, citant un "consensus international" face au régime de Pyongyang. Trump n'envisage pas d'action militaire pour le moment, a précisé McMaster, malgré le changement de cap annoncé le 9 avril du groupe aéronaval Carl Vinson, qui se dirige vers la péninsule coréenne. "Il est temps pour nous d'entreprendre toutes les actions possibles, sauf l'option militaire, pour essayer de résoudre ceci pacifiquement", a-t-il dit à l'émission "This Week" de ABC. "Nous sommes en train de travailler conjointement avec nos alliés et nos partenaires et les dirigeants chinois pour développer un éventail d'options", a-t-il poursuivi. Mike Pence a déclaré que le président Trump espérait voir la Chine "prendre les mesures nécessaires pour apporter du changement dans la politique" en Corée du Nord. "Mais comme l'a dit très clairement le président, soit la Chine s'occupera de ce problème, soit les Etats-Unis et nos alliés le feront", a-t-il déclaré. Le ministère chinois des Affaires étrangères lui a répondu lundi que Pékin n'était "le noeud" du problème nord-coréen. Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a appelé de son côté la Corée du Nord à s'abstenir de nouvelles provocations, à respecter les résolutions des Nations unies et à abandonner son programme de missile nucléaire. "Le Japon va coopérer de manière rapprochée avec les Etats-Unis et la Corée du Sud sur la Corée du Nord et va appeler la Chine à endosser un rôle plus important", a dit le Premier ministre lundi au Parlement. Le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, a annoncé mi-mars que la diplomatie de la "patience stratégique" vis-à-vis de Pyongyang avait vécu et qu'une série de mesures était à l'étude pour aborder différemment la question nord-coréenne. (Avec Ju-min Park à Séoul, Daniel Trotta à New York, Lucia Mutikani et Caren Bohan à Washington, Kaori Kaneko à Tokyo et John Ruwitch à Shanghai; Julie Carriat et Tangi Salaün pour le service français)