La droite déplore une justice "spectacle" pour Sarkozy

L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a dénoncé mercredi une mise en scène "spectaculaire" de la garde à vue de Nicolas Sarkozy, regrettant avec d'autres responsables de droite que la justice ne soit pas "sereine" dans les dossiers politiques. /Photo d'archives/REUTERS/Michel Euler

PARIS (Reuters) - L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a dénoncé mercredi une mise en scène "spectaculaire" de la garde à vue de Nicolas Sarkozy, regrettant avec d'autres responsables de droite que la justice ne soit pas "sereine" dans les dossiers politiques.

L'audition de l'ancien chef de l'Etat a repris mercredi matin à 08h00 (07h00 GMT) dans le cadre de l'enquête sur le présumé financement libyen de sa campagne électorale de 2007, a-t-on appris de source proche de l'enquête.

"Dans les affaires politiques, notre justice ne semble pas sereine", a réagi sur franceinfo Jean-Pierre Raffarin, qui s'est retiré en 2017 de la vie politique française.

"Pourquoi tout ce spectacle?", s'est-il interrogé, précisant qu'il avait "décidé de ne pas avoir de doutes sur l'innocence" de Nicolas Sarkozy.

L'ancien président a regagné son domicile peu après minuit dans la nuit de mardi à mercredi à l'issue d'une première journée d'audition et a repris le chemin des locaux de la police judiciaire de Nanterre (Hauts-de-Seine) mercredi matin après 07h30 (06h30 GMT) sous l'oeil des photographes et caméramen.

"La justice ne gagne rien à être spectaculaire", a jugé Jean-Pierre Raffarin. "On peut interroger les gens à des heures raisonnables, normales".

"La justice apparaît nerveuse et ça, c'est pas bon pour la République", a-t-il souligné. Pourquoi, a-t-il insisté, "vouloir humilier les gens pour pouvoir les juger".

La présidente LR d'Ile-de-France Valérie Pécresse, qui fut ministre de Nicolas Sarkozy, a dit sur LCI se "méfier beaucoup du tribunal public et médiatique".

"Je fais partie des Français qui sont indignés par ce qui s'apparente à de la justice spectacle", a déclaré pour sa part sur RTL Christian Jacob, président du groupe LR à l'Assemblée.

MARINE LE PEN "CHOQUÉE"

"Nicolas Sarkozy a toujours affiché sa totale disponibilité auprès de la justice française, et a toujours démenti point par point tout ce qui lui a été reproché. On parle des comptes de la campagne de 2007. Ils ont été validés par la commission des comptes de campagne", a-t-il fait valoir.

Virginie Calmels, vice-présidente des Républicains, s'est interrogée sur France Inter sur la pertinence d'une garde à vue pour l'ancien président.

Tout en affirmant qu'il était "un justiciable comme un autre", elle a rappelé la nécessité, selon elle, de "respecter le statut de président de la République, la personne et le contexte".

"On n'est pas sur un individu dangereux, un individu qui pourrait s'enfuir", a-t-elle commenté, ajoutant que "beaucoup d'affaires" le visant s'étaient traduites "à la fin par rien".

Nicolas Dupont-Aignan, président de "Debout la France", a souhaité sur BFM TV que la justice "ne mette pas en scène des procédures contre des hommes politiques de droite".

Marine Le Pen, présidente du Front national, a jugé "éminemment dérangeant" que Serge Tournaire, l'un des trois juges d'instruction chargés du dossier, soit "toujours" désigné dès qu'il s'agit de Nicolas Sarkozy.

Le magistrat a renvoyé en février 2017 l'ancien président devant le tribunal correctionnel dans l'affaire Bygmalion.

"Nicolas Sarkozy est quelqu'un que j'ai beaucoup combattu sur le plan politique. Je suis choquée en tant qu'avocate que, quelle que soit l'affaire qui touche Nicolas Sarkozy, (...) c'est toujours le même juge d'instruction qui est désigné", a dit Marine Le Pen sur Radio Classique.

"Je considère que ça crée un problème et que ça crée un soupçon sur la neutralité de ce magistrat", a-t-elle ajouté.

Interrogée sur l'affaire, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a dit sur France 2 souhaiter "s'en tenir, vraiment, à une stricte neutralité".

(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)