La détente USA-Chine rassure mais le risque italien persiste

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes ouvertes lundi ont fini la séance en territoire positif, profitant des progrès accomplis par les discussions entre les Etats-Unis et la Chine sur le dossier des tensions commerciales, mais le risque politique italien est loin d'avoir disparu des préoccupations des investisseurs.

À Paris, le CAC 40 a terminé en hausse de 0,41% (23 points) à 5.637,51 points, sa meilleure clôture depuis la mi-décembre 2007, et à Londres, le FTSE 100 a gagné 1,03% après avoir inscrit un nouveau record à 7.868,12.

Le FTSEurofirst 300 a pris 0,29% et le Stoxx 600 0,30% mais l'EuroStoxx 50 a abandonné 0,03%.

Les marchés allemands et suisses sont restés fermés en ce lundi de Pentecôte. A Paris, les volumes n'ont pas dépassé 60% de leur moyenne quotidienne des trois derniers mois.

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans le vert, le Dow Jones progressant de 1,07%, le Standard & Poor's 500 de 0,58% et le Nasdaq Composite de 0,41%.

Le Dow, qui a repassé la barre des 25.000 points pour la première fois depuis la mi-mars, est tiré entre autres par Boeing (+3,29%), Intel (+1,84%) et Caterpillar (+2,18%), de grands exportateurs qui profitent des déclarations chinoises et américaines rassurantes sur le commerce international.

Après avoir assuré que la guerre commerciale est "entre parenthèses" après les discussions des derniers jours avec la Chine, le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a précisé que Wilbur Ross, le secrétaire au Commerce, se rendrait à Pékin la semaine prochaine.

28 MILLIARDS DE DOLLARS DE M&A À WALL STREET

L'entrée en vigueur des nouveaux droits de douane annoncés ces dernières semaines, dans la sidérurgie entre autres, est donc suspendue.

Ces signes d'apaisement profitent aussi au pétrole, qui reste orienté à la hausse, et au dollar, qui s'apprécie de 0,14% face à un panier de devises de référence, contre lequel il a atteint en séance son plus haut niveau depuis le 13 décembre.

L'euro, lui, se traite autour de 1,1760 dollar après un plus bas de cinq mois à 1,1717.

A Wall Street, l'actualité du jour est par ailleurs marquée par une nouvelle série de fusions-acquisitions, pour un montant total de 28 milliards de dollars. Parmi les grandes valeurs concernées, General Electric prend 2,61% après l'annonce de la fusion de ses activités de matériel ferroviaire avec Wabtec (+3,94%).

La banque régionale MB Financial gagne quant à elle 13,36% après son rachat par Fifth Third Bancorp.

En Europe, l'appréciation du dollar a profité entre autres à Airbus, qui a gagné 3,05%, la plus forte hausse du CAC.

Autre valeur en vue, Ryanair a pris 5,14% après ses résultats annuels, marqués par un bénéfice net record, même s'il devrait diminuer sur l'exercice en cours.

Mais la hausse dans son ensemble a été plus prudente que sur les marchés américains, notamment en raison des interrogations persistantes suscitées par la politique italienne.

TOUJOURS DES TENSIONS SUR LA DETTE ITALIENNE

Les chefs de file du Mouvement 5 étoiles (M5S) et de la Ligue devaient etre reçus en fin de journée par le président Sergio Mattarella, pour lui soumettre un nom pour le poste de président du Conseil.

Si cette inconnue semble pouvoir être levée, les marchés restent préoccupés par les intentions affichées des deux partis en matière budgétaire et sur la construction européenne.

"Si les éléments les plus extrêmes des propositions politiques initiales ont été abandonnés, le nouveau gouvernement semble bien déterminé à s'engager dans une importante expansion budgétaire", constate Exane BNP Paribas.

"Même si, à terme, il y a des sanctions que Bruxelles et la BCE peuvent prendre pour restreindre les dépenses budgétaires italiennes, cela pourrait bien ralentir le processus d'achèvement de l'union bancaire (...) et toute initiative de redistribution budgétaire accrue dans la zone euro", ajoute l'intermédiaire, qui y voit un handicap pour l'euro à court terme.

Le rendement des emprunts d'Etat italiens à dix ans a franchi 2,35%, au plus haut depuis plus d'un an, et celui des titres à deux ans, à 0,277% en fin de séance, est au plus haut depuis novembre 2016; il était encore négatif en début de semaine dernière.

L'écart de rendement ("spread") entre les titres à dix ans italien et allemand a parallèlement dépassé 180 points de base, retrouvant ses niveaux d'octobre dernier.

La Bourse de Milan, elle, a cédé 1,52%, de nouveau plombée par le secteur bancaire (-3,14%). Elle a chuté de 10,47% sur les dix dernières séances.

(Édité par Véronique Tison)