La crise vénézuélienne se ressent à Cuba

La crise économique vénézuélienne touche de plein fouet les produits de première necessité et, en premier lieu, le pain : faute de budget et de devises, les importations de blé sont en chute libre, les boulangers réduisent leurs productions, les files d’attente s’allongent et les pillages se multiplient. Dans la ville de Maracay, dans l‘État d’Aragua, l’usine Kimberley-Clark est elle aussi est bloquée : sans matière première, les lignes de production sont à l’arrêt et les employés au chômage technique. “Notre société produit des couches, du papier toilette, des produits de première nécessité : environ cinq à six mille familles sont touchées” explique un employé qui dit s’appeler Wilmer Gutierrez. La crise touche également le secteur médical : selon la Fédération pharmaceutique du Venezuela, la pénurie concerne 85 % des médicaments. C’est le cas dans les hôpitaux comme dans celui de Mérida, une ville des Andes vénézuéliennes où les patients doivent eux même apporter leurs médicaments. “J’ai commencé à voir des patients mourir dans la salle d’opération ou aux urgences par manque de médicaments” raconte le médecin David Macineiras. “Jusqu‘à présent, cette année, 70 enfants sont morts à cause du manque d’antibiotiques, notamment pour soigner les infections chez les nouveaux nés.” Conséquence des pénuries : la mortalité infantile a été multipliée par 100, entre 2014 et 2015, pour atteindre les 2 % des naissances l’année dernière. La dégradation du secteur de la santé intervient alors que le gouvernement vénézuélien avait justement fait de l’accès gratuit aux soins, avec l’aide de médecins cubains, un des points clés de sa politique. L‘île castriste souffre, elle aussi, des conséquences de la crise qui frappe le Venezuela. Selon les estimations établies par l’agence de presse Reuters, les livraisons de produits pétroliers vénézuéliens à Cuba ont chuté de 20% dans les six premiers mois de l’année. Pour faire face, le ministre cubain de l‘Économie a annoncé début juillet que des mesures de restriction de la consommation d‘énergie seraient en vigueur jusqu‘à la fin de l’année. “Dans notre secteur, ils réduisent de 50 % notre électricité” explique ce technicien cubain qui précise que c’est pareil dans la toute la région que “les Cubains vont de l’avant.” Devant la chute des livraisons de pétrole vénézuélien, que Cuba achète à des tarifs préférentiels, le gouvernement de La Havane a décidé de réduire de 28 % la consommation d‘énergie de l‘île sur la deuxième partie de de l’année.