La Cour suprême irakienne ordonne la suspension du référendum kurde

La Cour suprême irakienne a ordonné lundi, à la demande du Premier ministre Haïdar al Abadi (photo), la suspension du référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien que les autorités d'Erbil comptent organiser le 25 septembre. /Photo d'archives/REUTERS/Joshua Roberts

BAGDAD (Reuters) - La Cour suprême irakienne a ordonné lundi, à la demande du Premier ministre Haïdar al Abadi, la suspension du référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien que les autorités d'Erbil comptent organiser le 25 septembre. La Cour suprême fédérale a approuvé la demande d'Abadi de considérer comme contraire à la Constitution "la sécession de toute région ou province d'Irak", a fait savoir la présidence. "La tenue (d'un référendum) aura des conséquences dangereuses, pouvant mener à la division de l'Irak et menaçant la paix sociale", a écrit le cabinet d'Abadi dans un communiqué. La Cour suprême est chargée de régler les contentieux entre le gouvernement central de Bagdad et les régions du pays, dont le Kurdistan autonome, mais elle n'a pas la capacité à y faire respecter ses décisions, Erbil disposant de sa propre force de police. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France, ainsi que les Nations unies, ont renouvelé leurs mises en garde au cours des dernières 48 heures contre l'organisation de ce scrutin, craignant qu'il n'avive des tensions susceptibles de détourner l'attention de la guerre en cours contre le groupe Etat islamique en Irak et en Syrie. Présent à New York pour l'Assemblée générale de l'Onu, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a qualifié lundi ce référendum d'"inopportun", appelant à des pourparlers entre Bagdad et Erbil. La Turquie et l'Iran ont également demandé à Erbil de renoncer et les forces armées turques ont entamé lundi des manoeuvres à la frontière avec l'Irak, qui devraient durer jusqu'au 26 septembre, lendemain du référendum. Parallèlement, le gouvernement autonome du Kurdistan a annoncé lundi la conclusion d'un accord avec le groupe russe Rosneft, qui va investir dans les infrastructures gazières locales et permettre ainsi à cette région de devenir un important exportateur de gaz vers la Turquie et l'Europe. (Maher Chmaytelli; Eric Faye et Arthur Connan pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)