L'opposition vénézuélienne et l'OEA dénoncent un "coup d'Etat"

Le siège de l'Assemblée nationale à Caracas. L'opposition vénézuélienne a accusé jeudi le président Nicolas Maduro d'être un "dictateur" et d'avoir commis un "coup d'Etat" après la décision de la Cour suprême d'assumer les pouvoirs de l'Assemblée nationale, où l'opposition est majoritaire. /Photo prise le 30 mars 2017/REUTERS/Marco Bello

CARACAS (Reuters) - L'opposition vénézuélienne a accusé jeudi le président Nicolas Maduro d'être un "dictateur" et d'avoir commis un "coup d'Etat" après la décision de la Cour suprême d'assumer les pouvoirs de l'Assemblée nationale, où l'opposition est majoritaire. L'Unité démocratique, organisation qui fédère plusieurs groupes d'opposition, a dénoncé la décision "anticonstitutionnelle" de la Cour suprême, y voyant "un nouveau pas vers le démantèlement de la démocratie au Venezuela" et une réplique de la fermeture du Congrès ordonnée en 1992 au Pérou par Alberto Fujimori, alors président. "Le gouvernement est en train de mourir, c'est la raison pour laquelle il a recours à de telles mesures désespérées", ajoute la coalition. Julio Borges, le président de l'Assemblée nationale, a dénoncé pour sa part un "coup d'Etat" mené par le président Nicolas Maduro. "C'est une dictature", a-t-il dit jeudi lors d'une conférence de presse, fustigeant "ceux qui ont enlevé la constitution, les droits et la liberté des Vénézuéliens". Un autre opposant, Henrique Capriles, a appelé la communauté internationale à réagir. "Si la communauté internationale reste ferme, exigeant des élections, nous sommes convaincus que le gouvernement devra faire marche arrière. Nous insistons sur une solution démocratique", a dit l'ancien adversaire de Maduro à l'élection présidentielle de 2013. Le secrétaire général de l'Organisation des Etats américain (OEA), Luis Almagro, a jugé que le gouvernement Maduro avait mené un "auto-coup d'Etat" et porté un "coup final par lequel le régime subvertit l'ordre constitutionnel du pays et en finit avec la démocratie". Il a sollicité la convocation d'une réunion d'urgence du conseil permanente de l'OEA pour discuter de la situation au Venezuela. Le Pérou a fustigé de son côté une "rupture de la démocratie" et rappelé son ambassadeur en poste à Caracas. Au lendemain de la levée de l'immunité parlementaire dont jouissaient les députés, les juges de la Cour suprême ont fait savoir tard mercredi soir qu'ils assumeraient les fonctions de l'Assemblée nationale "tant que durera la situation de mépris" des institutions dans laquelle elle se trouve. Le Tribunal suprême de justice (TSJ) annulait systématiquement déjà depuis des mois toutes les décisions de l'Assemblée nationale, au motif que trois députés d'opposition accusés de fraude électorale y ont prêté serment à la fin 2015. Dès mercredi soir, les juges suprêmes ont autorisé le président Maduro à créer des coentreprises dans le secteur pétrolier, sans l'accord préalable du Congrès. L'opposition cherche depuis des mois à obtenir la révocation du successeur de Hugo Chavez, qu'elle accuse d'incompétence et de tendances dictatoriales. Malgré ses efforts, un référendum révocatoire n'a pu être organisé l'an dernier. Le mandat de Maduro s'achève en janvier 2019. (Corina Pons et Diego Oré; Gilles Trequesser et Henri-Pierre André pour le service français)