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La Corée du Nord entend poursuivre ses programmes contestés

La Corée du nord va poursuivre le développement de ses programmes nucléaire et de missiles balistiques au mépris des critiques des Etats-Unis et de leurs alliés, a déclaré vendredi son ambassadeur auprès des Nations unies à Genève, So Se Pyong. /Photo d'archives/REUTERS/Denis Balibouse

par Stephanie Nebehay GENEVE (Reuters) - La Corée du nord va poursuivre le développement de ses programmes nucléaire et de missiles balistiques au mépris des critiques des Etats-Unis et de leurs alliés, a déclaré vendredi son ambassadeur auprès des Nations unies à Genève. A ses yeux, la péninsule coréenne se trouve désormais en état de "semi-guerre". Dans un entretien à Reuters, So Se Pyong a dénoncé l'organisation de manoeuvres militaires conjointes par les Etats-Unis et la Corée du Sud, qui visent selon lui à aboutir à "la décapitation de la direction suprême de la RPDC (République populaire démocratique de Corée)". Pyongyang a procédé en janvier à son quatrième essai nucléaire et lancé en février un missile à longue portée. L'armée sud-coréenne a déclaré vendredi que le Nord avait tiré un missile en mer à partir de sa côte orientale. "Si les Etats-Unis continuent, nous devrons aussi prendre des contre-mesures. Nous devons donc nous développer et nous devons nous doter d'une dissuasion accrue, d'une dissuasion nucléaire", a dit So Se Pyong, qui représente aussi son pays à la Conférence sur le désarmement sous l'égide de l'Onu. "La politique de mon pays, qui est aussi celle de mon parti, est une politique simultanée, ce qui implique production nucléaire et développement économique", a-t-il ajouté lors de cet entretien réalisé en anglais, en référence au double objectif politique du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, qui devrait être entériné en mai par le congrès du Parti des travailleurs au pouvoir, le premier organisé depuis 36 ans. So a dit ne disposer d'aucune information sur le tir évoqué par la Corée du Sud vendredi, ni sur les perturbations du signal de géolocalisation GPS qui, selon Séoul, ont obligé plusieurs bateaux à rentrer au port. "Ils (les Sud-Coréens) ont tellement recours aux manipulations, aux fausses informations", a-t-il dit. "NOUS SUIVONS NOTRE PROPRE ROUTE" La présidente sud-coréenne, Park Geun-hye, et le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, ont participé jeudi et vendredi à Washington à un sommet international sur la sécurité nucléaire. Avec le président Barack Obama, ils ont réaffirmé à cette occasion leur détermination à prendre si nécessaire de nouvelles mesures pour contrer les menaces nord-coréennes. "En fait, ce sommet, nous le voyons comme (...) une sorte de propagande", a déclaré So. A la question de savoir si la Chine et d'autres pays faisaient pression sur la Corée du Nord, il a répondu : "Quoi qu'ils fassent, nous ne nous en soucions pas. Nous suivons notre propre route." Le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté début mars à l'unanimité une résolution d'inspiration sino-américaine imposant de lourdes sanctions à Pyongyang en réponse à l'essai nucléaire du 6 janvier. "Nous nous opposons à cette résolution parce qu'elle n'est pas loyale et pas (juste)", a déclaré So Se Pyong. "Nous sommes occupés à faire face à l'état de semi-guerre qui caractérise la situation actuelle dans la péninsule." A propos des manoeuvres militaires conjointes américaines et sud-coréennes, il a estimé que "désormais, ils affichent leur vraie couleur, c'est-à-dire la décapitation de la direction suprême de la RPDC." Interrogé sur la possibilité d'une reprise des discussions à six sur le programme nucléaire de son pays, il a répondu que la dénucléarisation de la péninsule coréenne n'était plus d'actualité. "Si les Etats-Unis mettent fin à leur politique hostile envers la RPDC et se rangent à un traité de paix, alors cela (pourrait être) différent", a-t-il ajouté. (Marc Angrand pour le service français)