La contestation continue au Burundi, trois manifestants tués

Trois manifestants ont été tués lundi à Bujumbura, a annoncé la Croix-Rouge, alors que le mouvement de contestation contre la candidature du président burundais Pierre Nkurunziza à un troisième mandat est entré dans sa deuxième semaine. /Photo prise le 4 mai 2015/REUTERS/Jean Pierre Aime Harerimana

BUJUMBURA (Reuters) - Trois manifestants ont été tués lundi à Bujumbura, a annoncé la Croix-Rouge, alors que le mouvement de contestation contre la candidature du président burundais Pierre Nkurunziza à un troisième mandat est entré dans sa deuxième semaine. Des policiers ont ouvert le feu sur des protestataires qui leur lançaient des pierres dans le quartier de Musaga de la capitale burundaise, tandis qu'au moins deux policiers ont été blessés par une explosion, a constaté un journaliste de Reuters. Un porte-parole de la Croix-Rouge, Alexis Manirakiza, a fait état de trois manifestants tués et 35 blessés. Certains avaient des blessures par balles, a précisé un militant des droits de l'homme, Pierre Claver Mbonimpa. La police a nié que des manifestants aient été tués et a parlé de 15 policiers blessés par une grenade. "S'ils (les protestataires) lancent des grenades ou s'ils tirent, la police a le droit de lancer elle aussi une grenade ou de retourner le feu, et c'est comme cela que ça va se passer", a déclaré son porte-parole, Liboire Bakunduwukize. Six personnes au moins, dont deux policiers et un soldat, ont été tuées la semaine dernière, selon les autorités. L'opposition parle d'au moins neuf morts. Après avoir marqué une pause ce week-end, le mouvement de contestation a repris lundi à l'appel d'organisations de la société civile. Le gouvernement soutient que ces manifestations sont illégales et les considère comme une "insurrection". L'armée a été déployée dans les rues pour tenter de rétablir le calme. Les manifestants jugent que la décision du président Nkurunziza de briguer un troisième mandat consécutif lors de l'élection du 26 juin est contraire à la Constitution comme à l'accord de paix d'Arusha qui a mis fin à la guerre civile en 2005 entre Hutus et Tutsis. Les partisans du président sortant estiment pour leur part que Nkurunziza ayant été désigné par le Parlement, et non élu au suffrage universel direct en 2005, son premier mandat n'entre pas en ligne de compte. Réunis lundi dans le quartier périphérique de Kinindo, des dizaines de manifestants ont enjoint au chef de l'Etat de renoncer à son projet "pour que la paix revienne au Burundi". A Nyakabiga, ils étaient plusieurs centaines, rapporte un journaliste de Reuters. Les Etats-Unis, des pays européens de même que des pays africains ont appelé Nkurunziza à ne pas se présenter. Lundi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a estimé à l'occasion d'un déplacement au Kenya que sa candidature "va à l'encontre de la constitution". Craignant des violences, 24.000 Burundais ont fui au Rwanda voisin et 7.000 autres se sont réfugiés en République démocratique du Congo, selon l'agence des Nations unies pour les Réfugiés (HCR). (Patrick Nduwimana; Henri-Pierre André et Tangi Salaün pour le service français)