La Chine demande à Bachelet (Onu) de respecter sa souveraineté

La Chine a appelé mardi la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet (photo), à respecter sa souveraineté. /Photo prise le 10 septembre 2018/REUTERS/Denis Balibouse

PEKIN (Reuters) - La Chine a appelé mardi la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, à respecter sa souveraineté, celle-ci ayant demandé que des observateurs soient autorisés à vérifier les informations selon lesquelles des Ouïghours seraient détenus dans des camps de rééducation au Xinjiang.

Selon le gouvernement chinois, le Xinjiang, région autonome de l'ouest de la Chine difficile d'accès, est confronté à la menace des islamistes et des séparatistes qui attisent les tensions entre les Ouïghours, minorité musulmane et turcophone qui estime que cette région est la sienne, et les membres de l'ethnie majoritaire en Chine, les Hans.

Fin août, le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'Onu a déclaré avoir reçu des informations crédibles selon lesquelles un million de Ouïghours pourraient être placés en détention extrajudiciaire dans des camps d'internement au Xinjiang et a demandé leur libération.

Réagissant mardi aux propos de Michelle Bachelet, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Geng Shuang, a indiqué que la Chine ne voulait pas d'une intervention de l'Onu.

"La Chine exhorte la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme à respecter scrupuleusement la mission et les principes de la charte des Nations unies, à respecter la souveraineté de la Chine, à exécuter ses missions de manière honnête et objective et à ne pas écouter les informations partiales", a-t-il déclaré lors de son point de presse quotidien.

Les mesures de sécurité dans le Xinjiang ont été considérablement renforcées ces deux dernières années, avec la mise en place de barrages policiers de contrôles d'identité, de centres de rééducation ainsi qu'une collecte massive de l'ADN. Certains ont parlé d'une situation proche de la loi martiale.

L'appel lancé lundi par Michelle Bachelet a coïncidé avec un rapport de Human Rights Watch, organisation de défense des droits de l'homme basée à New York, selon lequel les Ouïghours et autres musulmans détenus dans les camps ne peuvent utiliser les salutations musulmanes, doivent apprendre le mandarin (le chinois officiel) et chanter des chansons de propagande.

A Washington, le département d'Etat américain est "profondément troublé par l'aggravation des mesures de répression" contre les Ouïghours et les autres communautés musulmanes de la région du Xinjiang, a dit sa porte-parole Heather Nauert lors d'un point de presse.

L'administration Trump envisage des sanctions financières contre des compagnies et des hauts représentants chinois liés à ces accusations de violation des droits de l'homme, ont dit des sources au Congrès.

(Michael Martina, avec Matt Spetalnick et Steve Holland à Washington; Danielle Rouquié et Jean Terzian pour le service français)