La Chine rejette les allégations sur le Xinjiang

Des soldats chinois à Kachgar au Xinjiang. La Chine a rejeté lundi les allégations d'un comité d'experts des Nations unies sur le possible internement dans des camps d'un million de Ouïghours, ethnie musulmane du Xinjiang, dans l'ouest de la Chine. /Photo d'archives/REUTERS/Thomas Peter

GENEVE/PEKIN (Reuters) - La Chine a rejeté lundi les allégations d'un comité d'experts des Nations unies sur le possible internement dans des camps d'un million de Ouïghours, ethnie musulmane du Xinjiang, dans l'ouest de la Chine.

Ces accusations sont "totalement fausses", a déclaré la délégation chinoise participant à une session sur la situation des droits de l'homme organisée à Genève.

Les autorités chinoises, ajoutent-elle, ont réprimé les "crimes extrémistes et terroristes" au Xinjiang conformément à la loi, mais ne visent aucun groupe ethnique particulier ni ne cherchent à mener une politique de "désislamisation" dans cette région de l'extrême ouest de la Chine.

Dans un éditorial publié lundi, le Global Times, quotidien tabloïd d'Etat écrit pour sa part que la politique de sécurité menée par les autorités chinoises dans le Xinjiang a contribué à y éviter une "grande tragédie".

L'éditorial de ce quotidien tabloïd d'Etat, avant les propos de la délégation chinoise, constituait la première réponse publique de la Chine aux critiques exposées vendredi par des enquêteurs des Nations unies.

A l'ouverture d'une session d'examen périodique de la situation des droits de l'homme en Chine à Genève, un comité d'experts de l'Onu a dit disposer de nombreuses informations crédibles selon lesquelles un million d'Ouïghours étaient détenus dans "des camps d'internement géants placés sous le sceau du secret".

Selon Gay McDougall, une membre du Comité de l'Onu pour l'élimination de la discrimination raciale, quelque deux millions de personnes supplémentaires - Ouïghours et membres d'autres minorités musulmanes - sont contraints de vivre dans des "camps politiques d'endoctrinement".

L'éditorial du Global Times, publié dans ses éditions chinoise et anglaise, affirme que les critiques sur la situation au Xinjiang visent à semer le trouble et ajoute que la politique menée dans cette région a évité qu'elle ne devienne une nouvelle Libye ou une nouvelle Syrie.

"Il ne fait aucun doute que la paix et la stabilité actuelles au Xinjiang sont en partie dues à la haute intensité des règlements", écrit le journal, qui souligne que "des postes de police et de sécurité sont visibles partout dans le Xinjiang".

"Le redressement de la situation sécuritaire au Xinjiang a évité une grande tragédie et sauvé d'innombrables vies, grâce à la force de la loi chinoise et des pouvoirs du Parti communiste chinois", poursuit le Global Times.

Depuis des années, le pouvoir chinois soutient que le Xinjiang est sous la menace d'islamistes et que des séparatistes tentent d'attiser les tensions entre la minorité musulmane et turcophone des Ouïghours et les habitants issus de l'ethnie Han, majoritaire.

(Stephanie Nebehay à Genève et Ben Blanchard à Genève; Tangi Salaün et Henri-Pierre André pour le service français)