La mobilisation contre la réforme du Code du travail faiblit

La mobilisation contre la réforme du Code du travail n'a réuni que 132.000 personnes jeudi, près de deux fois moins que lors de la première journée d'action, mais la CGT affirme qu'il ne s'agit que d'une étape dans la contestation. /Photo prise le 21 septembre 2017/REUTERS/Gonzalo Fuentes

PARIS (Reuters) - La mobilisation contre la réforme du Code du travail n'a réuni que 132.000 personnes jeudi, près de deux fois moins que lors de la première journée d'action, mais la CGT affirme qu'il ne s'agit que d'une étape dans la contestation. Le ministère de l'Intérieur avait il y a dix jours dénombré 223.000 manifestants sur l'ensemble du territoire, la CGT 500.000. La centrale parle de "200 rassemblements", de "milliers d'arrêts de travail" et de "plusieurs centaines de milliers de manifestants", sans plus de précision. "Globalement, les chiffres des manifestants sont peut-être un peu inférieurs à la fois précédente", a dit le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez sur franceinfo. "Je crois que le mécontentement, il est là, la mobilisation, elle est là. Et donc, il n'y a aucune raison de s'arrêter, bien au contraire." A Paris, la police a recensé 16.000 personnes, soit 8.000 de moins que lors de la dernière manifestation. La CGT a compté 55.000 participants, contre 60.000 il y a dix jours. La manifestation s'est globalement déroulée dans le calme, sans blessé selon la préfecture de police de Paris. Une personne a été interpellée pour détention de produits dangereux destinés à la confection de cocktails Molotov. A Marseille, la manifestation a 50.000 personnes jeudi, selon la CGT contre 60.000 lors de la précédente manifestation. La préfecture des Bouches-du-Rhône en avait dénombré 4.500 contre 7.500 le 12 septembre. A Bordeaux, où des incidents ont opposé en fin de manifestation de jeunes anarchistes au service d'ordre de la CGT, la préfecture a compté 3.000 participants, contre 10.000 selon la CGT. A Lyon, ils étaient 3.500, selon la police, et à Toulouse, 4.000 selon la police et 14.000 selon la CGT. Cette fois-ci encore, les instances dirigeantes de FO, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC n'ont pas appelé à rejoindre le mouvement et la CGT les a appelés à l'unité. MARTINEZ OPTIMISTE "Ce qu'on souhaite à la CGT, c'est que ce qu'on voit dans la rue, dans les entreprises, c'est-à-dire des syndicats qui sont unis, ça puisse se concrétiser au niveau des confédérations", a déclaré Philippe Martinez, au départ du cortège parisien, souhaitant que le mouvement soit "encore plus fort dans les semaines à venir". "Il y a des gouvernements qui étaient droits dans leurs bottes et qui ont changé d'avis face à la mobilisation dans la rue", a-t-il ajouté. Une cinquantaine d'unions départementales et huit fédérations de Force ouvrière se sont toute de même jointes les cortèges selon la CGT, ainsi qu'une dizaine de fédérations de la CFE-CGC. Des divisions de la CFDT Métallurgie étaient également présentes dans le cortège parisien. Les retraités ont appelé à une manifestation contre la hausse de la CSG le 28 septembre, et les fonctionnaires contre le gel de leur rémunération, le 10 octobre. A partir du 25 septembre, ce sont les routiers qui prévoient des blocages, notamment dans des dépôts de carburant. Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, présent dans le cortège de Paris et dont le mouvement organise samedi à Paris un rassemblement contre le "coup d'Etat social" d'Emmanuel Macron, a lui aussi estimé qu'on n'en était qu'au "début" de la mobilisation. "Les syndicats se mettent en mouvement et nous on appelle à les soutenir", a-t-il déclaré à la presse. MACRON N'ENTEND PAS CÉDER Emmanuel Macron, qui se trouvait cette semaine à New York pour l'Assemblée générale des Nations unies, a répété qu'il entendait mener à bien son projet. "J'ai été clair durant ma campagne à propos de ces réformes. J'ai expliqué ces réformes, j'ai présenté ces réformes pendant des semaines et j'ai été élu pour cela", a déclaré le président de la République mardi à la chaîne de télévision américaine CNN. "Je crois en la démocratie, mais la démocratie n'est pas dans les rues", a-t-il dit, avant de préciser mercredi, lors d'une conférence de presse qu'il n'y aurait "aucune complaisance" vis-à-vis d'éventuelles violences. Pour le président de la CFTC, Philippe Louis, des manifestations, à ce stade-ci, ne suffiront pas pour faire reculer le gouvernement. "Quand on va dans la rue, qu'est ce qu'on obtient? On obtient l'ouverture de négociations, on obtient de se mettre autour de la table", a-t-il dit jeudi sur LCP. "Est ce qu'aujourd'hui, on peut penser objectivement qu'on va pouvoir obtenir le retrait des ordonnances? Non". Il mise tout sur les décrets d'application qui doivent préciser certains curseurs clés de la réforme, comme les moyens accordés à l'instance représentative du personnel. "Si on nous présente des décrets où on perd la moitié de nos délégués et la moitié de nos heures de délégation, c'est inacceptable (...) Là, effectivement, on commencerait à aller aussi dans la rue", a-t-il précisé. (Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)