« L’Union européenne ne peut pas se passer d’un noyau solide »

L'attaque de la Russie contre l'Ukraine en février 2022 a relancé le processus d’élargissement de l'UE, qui compte aujourd'hui 27 membres.  - Credit:Virginia Mayo/AP/SIPA
L'attaque de la Russie contre l'Ukraine en février 2022 a relancé le processus d’élargissement de l'UE, qui compte aujourd'hui 27 membres. - Credit:Virginia Mayo/AP/SIPA

«  L'unification de l'Europe est parvenue à un stade critique de son développement. Si, d'ici deux à quatre ans, nous n'arrivons pas à identifier les causes de cette évolution dangereuse, et à y remédier, l'Union européenne se transformera inexorablement en un ensemble plus lâche, fragmenté en zones d'influence rivales, et se bornant à assurer quelques coopérations économiques. Une telle zone de libre-échange améliorée ne permettrait de régler ni les problèmes existentiels des sociétés européennes ni les défis externes auxquels elles sont confrontées. »

Cet extrait est tiré d'une analyse qui date de trente ans déjà, antérieure aux attentats terroristes du 11 septembre 2001, à la crise financière, à l'arrivée des migrants en Europe ou au Brexit, antérieure à la guerre en Ukraine et à la montée en puissance de la Chine. La vision de ses auteurs, Karl Lamers et Wolfgang Schäuble, deux députés allemands à l'époque, n'en est pas moins d'une justesse à couper le souffle.

Leur appel au sursaut est, en 2024, plus urgent que jamais. Leurs trois propositions principales – le renforcement des capacités diplomatiques et de sécurité de l'UE, l'approfondissement des institutions en un système fédéral et la consolidation du « noyau » qui constitue le cœur de l'UE – demeurent pleinement d'actualité. Liées entre elles, elles dépendent quasi exclusivement de ce que décideront Paris et Berlin.

La raison d’être de ce noyau est de doter l’Union d’un centre puissant

Si les gouverne [...] Lire la suite