L’UE pourrait ne pas parvenir à fournir un million de munitions à l’Ukraine

C'est une promesse de l'Union européenne : fournir un million de munitions à Kyiv d'ici le mois de mars. Mais jusqu'à présent, elle a atteint seulement 30% de cet objectif.

Les 27 ministres de la Défense se retrouvés mardi à Bruxelles avec l'inquiétude de voir les Européens ne pas tenir cet engagement.

Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, s’interroge sur le réalisme de cet objectif. "Un million, c'est facile à décider et l'argent est là, mais il faut que la production soit là", explique-t-il.

"Nous sommes en discussion avec l'industrie de la défense. La production doit être augmentée et accélérée. C'est la nécessité du moment." Boris Pistorius prévient, "nous devons partir du principe que le million ne sera pas atteint".

Comment l'UE s’est retrouvée en situation de ne pas être en mesure de tenir son engagement ?

Les Etats membres ont principalement puisé dans leurs stocks et ils doivent désormais produire ces armes. Selon des analystes, l'artillerie ukrainienne utilise environ 45 000 obus par semaine, la totalité de la production annuelle de l'Union européenne pourrait être consommée en l'espace de deux mois. Augmenter les capacités de production nécessite des financements ce qui soulève là aussi des questions.

"L'un de ces problèmes concerne l'industrie de la défense, qui a besoin de l'assurance des États membres qu'elle n'investira pas de manière déloyale, qu'elle n'investira pas de ressources pour de nouvelles lignes de production et qu'au bout de deux ans, les États membres diront : nous n'avons pas besoin de plus de munitions", précise Nikos Votsios, général de brigade à la retraité et ancien directeur des relations internationales du ministère grec de la Défense

A ces difficultés, s'ajoutent d'autres problèmes comme le manque de main d'œuvre qualifiée et celui des machines nécessaires. Malgré ces obstacles, le commissaire européen en charge du Marché intérieur, responsable des capacités de production, reste optimiste. Thierry Breton estime que tout est désormais entre les mains des Etats membres.

"L'objectif de produire plus d'un million de munitions sur une base annuelle, que nous avions pris et qu'il soit atteind à partir du printemps, sera tenu. Maintenant, c'est aux États membres de passer les commandes", assure le responsable français.

Les interrogations se font plus fortes alors que la guerre entre dans une phase délicate pour l'Ukraine avec l'arrivée de l'hiver. Les Etats-Unis assurent que la Corée du Nord a livré à la Russie plus de 1 000 containers d'équipements militaires et de munitions pour permettre au Kremlin de poursuivre son invasion.