L Retour en grâce

Sous son premier pseudo, Raphaële Lannadère revient avec un album délicat et mélancolique.

Raphaële Lannadère ? L ? Avouons qu’on finit par s’y perdre dans ce jeu de passe-passe identitaire. Elle a repris l’initiale pour appellation, comme aux premiers jours. Peut-être pour s’excuser d’avoir succombé aux tentations électroniques d’un deuxième album bancal. Peut-être aussi pour radier des concerts au maniérisme irritant et qui provoquaient une certaine gêne.

Ce disque s’appelle Chansons et cela n’a rien d’innocent. Retour à la case départ. Retour, surtout, à la pureté des lignes mélodiques, aux orchestrations à visage humain, au vent chaud, à l’élégance caressante et à la grâce intemporelle. Pas besoin, donc, de charger la barque. Un quatuor à cordes souverain et dentellier règne en maître de l’emballage. Une harpe glisse en pente douce. Claviers et programmations se calquent sur le charme discret des ciels d’orage. Et le tandem de réalisateurs - décidément prolifique (Camille, Christophe…) - Clément Ducol/Maxime Le Guil apporte une dimension panoramique aux morceaux. Dès l’ouverture, l’album vous suspend très haut dans une jolie alliance de lumière et de mélancolie. Une délicatesse sonore pour oreilles en attente de quiétude, un raffinement textuel pour palais exigeants. Parce que l’écriture de Raphaële Lannadère est à la fois intense et aiguisée, flottante et profonde. Et puis, il y a cette voix ailée, gracile et aux teintes nuancées.

Dans ces chansons-là, il est souvent question d’un autre temps. Nostalgie d’un nid de bonheur (la Meuse), nostalgie de virées amoureuses (la Micheline), nostalgie sur fond de transmission (Ton enfance), nostalgie d’un paradis perdu (Vertige). Le risque de monotonie est balayée par de petites touches impressionnistes : Ta ville, composée par Gaël Faure, tire du côté de la peinture au pastel tandis que Laisser passer tend vers le bouquet fauve. Quant à Orlando, titre élégiaque en réaction à la tuerie homophobe survenue dans une boîte gay (...) Lire la suite sur Liberation.fr

Scratcher sans déraper
Olivier Py
Accidents de parcours
24 fév.-2 mars
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