L’ouragan Beryl n’est que le premier d’une saison qui s’annonce très violente, voici pourquoi

Les dernières prévisions du service météorologique national américain laissent à penser que des ouragans aussi violents que Katrina en 2005 risquent de se produire.

CATASTROPHE NATURELLE - Alors que l’ouragan Beryl a causé ses premiers morts dans les Caraïbes, la Jamaïque s’attend à être durement touchée par le monstre. Bien que relégué depuis le 2 juillet en catégorie 4, il reste extrêmement dangereux avec des vents de 250 km/h. Et même si ce premier ouragan s’essouffle, il ne fait qu’annoncer une saison que les scientifiques craignent terrible au-dessus de l’atlantique.

Les ouragans deviennent si puissants qu’il faut ajouter une nouvelle catégorie selon ces chercheurs

Il se pourrait même que l’été 2024 soit aussi dense et dangereux que de 2005, l’année du terrible Katrina. Il y a 9 ans, les ouragans Rita et surtout Katrina avaient ravagé le littoral du sud ouest des États-Unis, causant près de 2 000 morts. Comme nous l’expliquons dans la vidéo en tête d’article, le service météorologique national de la NOAA, l’agence américaine d’observation océanique et atmosphérique, a fait une mise en garde très claire.

« Cette saison s’annonce extraordinaire à bien des égards », a déclaré fin Rick Spinrad, océanographe et administrateur de la NOAA, lors d’une conférence de presse. Les spécialistes sont particulièrement affirmatifs car leurs données pointent quasiment toutes dans la même direction. Selon eux, il y a 85 % de chances d’assister à une saison supérieure à la normale, 10 % de chances d’avoir une saison proche de la normale et seulement 5 % de vivre une saison inférieure à la normale.

La NOAA anticipe entre 17 et 25 tempêtes ; Parmi elles, entre 8 et 13 pourraient devenir des ouragans (quand les vents dépassent 119 km/h) et de 4 à 7 risquent d’être des ouragans de catégorie 3 ou plus (avec des vents de plus de 178 km/h). Les prévisionnistes sont confiants à 70 % dans ces estimations. Si ce sont bien sept ouragans majeurs (de catégorie 3 ou plus) qui s’abattent sur l’ouest des États-Unis, le record du nombre de 2005 et 2020 sera égalé.

Au-delà du réchauffement climatique qui augmente l’intensité des catastrophes naturelles, un phénomène influence ces ouragans aussi violents : le retour de La Niña. Ce phénomène maritime et climatique cause entre autres un refroidissement des eaux de l’océan Pacifique.

Si La Niña permet aux ouragans de s’intensifier, c’est à cause de la circulation de Walker. Ces trois boucles géantes d’air, nommées d’après un physicien anglais du XXe siècle, montent et descendent à différents endroits des tropiques, causant pluies ou sécheresses.

Généralement, l’air monte au-dessus de l’Amazonie et de l’Indonésie, favorisé par l’humidité des forêts car la vapeur d’eau est plus légère que l’air sec. Ensuite, cet air humide redescend en Afrique de l’Est et dans le Pacifique oriental. Ça, c’est le schéma classique. Pendant un épisode La Niña, ces boucles s’intensifient, créant des conditions plus orageuses là ou l’air humide monte, et des conditions plus sèches la ou l’air redescend. Ce sont ces conditions orageuses qui vont favoriser les ouragans.

Autre facteur aggravant, La Niña produit moins de cisaillement du vent. Ce phénomène désigne une différence de vitesse du vent à différentes hauteurs ou dans différentes directions. Les ouragans ont plus de mal à maintenir leur structure en cas de fort cisaillement du vent, car les vents plus forts en altitude poussent le système cyclonique à s’étioler. La Niña diminue donc le phénomène naturel qui permet… de réduire la puissance des ouragans.

L’intensité d’un ouragan a un impact sur la manière dont il est appréhendé pour mettre à l’abri les populations. En effet, il risque alors d’être plus rapide, et donc de toucher plus rapidement les habitations… exactement comme Beryl.

Si la saison des ouragans qui s’annonce donne des « raisons d’être inquiets, évidemment », selon le directeur des services météo américains, il n’y a « pas de raison de s’alarmer ».

Plutôt sûr de son fait, il s’appuie notamment sur les avancées techniques réalisées pour anticiper les ouragans. « Nous avons réduit l’erreur de trajectoire de 64 %. Nous avons réduit de moitié l’erreur d’intensité », indique Ken Graham. Ainsi, même les ouragans les plus intenses et rapides parviennent à être anticipés au minimum 50 heures avant qu’il ne touche des habitations… Sauf erreur de prédiction.

La marge de manœuvre pour évacuer reste toutefois mince. C’est pour cela que la NOAA invite les Américains à se préparer à l’avance de l’arrivée d’une potentielle tempête. « Des conditions météorologiques extrêmes et des situations d’urgence peuvent survenir à tout moment, c’est pourquoi les individus et les communautés doivent être préparés dès aujourd’hui », explique Erik Hooks. Pour les habitants de la Jamaïque et des îles Caïmans, l’urgence, c’est maintenant.

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