L’opération à Rafah provoque un coup de sang du chef de la diplomatie européenne : "Ils vont aller où ? Sur la Lune ?"

Josep Borrell, haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a aussi critiqué la vente d’armes à l’armée israélienne.

GAZA - L’Europe hausse le ton. La pression internationale s’intensifie mardi 13 février pour un accord de trêve entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, après l’annonce israélienne d’une offensive prochaine sur Rafah, dernier refuge pour plus d’un million de Palestiniens de la bande de Gaza.

Gaza : Ce que l’on sait de l’opération sur Rafah qu’Israël veut lancer

Face aux craintes internationales, Benjamin Netanyahu a affirmé dimanche qu’Israël ouvrirait à la population « un passage sécurisé » pour quitter la ville située au sud de la bande de Gaza, sans préciser vers quelle destination. Des familles palestiniennes, beaucoup déjà déplacées plusieurs fois et craignant devoir bouger encore, commençaient mardi à démonter leur tentes et rassembler leurs affaires.

L’ONU ne s’associera pas à « un déplacement forcé de population » à Rafah, a pour sa part prévenu Stephane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU.

Comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, cette éventualité a provoqué un coup de sang du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. « Ils vont évacuer » les Palestiniens : « Où ? Sur la Lune ? », s’est interrogé à Bruxelles le Haut représentant de l’Union
pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Ce dernier a aussi livré un plaidoyer pour l’arrêt de la vente d’armes à l’armée israélienne.

Libération d’otages

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a récemment ordonné à son armée de préparer une offensive sur Rafah, où sont massés 1,4 million de Palestiniens, selon l’ONU, soit plus de la moitié de la population totale du territoire, la plupart ayant fui la guerre qui fait rage depuis quatre mois.

Il a répété lundi sa détermination à poursuivre « la pression militaire jusqu’à la victoire complète » sur le Hamas, dont Rafah est le « dernier bastion », pour libérer « tous nos otages ».

Quelques heures auparavant, Israël avait libéré deux otages, des Israélo-Argentins, à Rafah, à la frontière avec l’Égypte, lors d’une opération nocturne accompagnée de bombardements qui ont fait une centaine de morts, selon les autorités du mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007.

Situation humanitaire "insupportable"

Les États-Unis, principal allié d’Israël, s’opposent à une opération à grande échelle sans solution pour les civils coincés à la frontière fermée avec l’Egypte à l’extrême sud du territoire.

Le président américain, Joe Biden, a réclamé, de la part des forces israéliennes, un plan « crédible » pour épargner les civils à Rafah qui sont « exposés et vulnérables », lors d’une rencontre lundi à la Maison Blanche avec le roi de Jordanie Abdallah II.

Il a en outre remercié la Jordanie pour avoir fourni de l’aide humanitaire à Gaza, notamment il y a « quelques jours » : Abdallah II « est personnellement monté à bord d’un avion et a participé au largage des fournitures médicales urgentes à Gaza ».

« Nous ne pouvons pas nous permettre une attaque israélienne sur Rafah », où la situation humanitaire est déjà « insupportable », a dit de son côté Abdallah II, qui a également appelé à « un cessez-le-feu durable immédiatement » à Gaza.

« Les États-Unis planchent sur un accord de libération des otages (...), qui amènerait immédiatement une période de calme d’au moins six semaines à Gaza », a pour sa part indiqué le président américain.

La Chine, de son côté, a appelé mardi Israël à arrêter « au plus vite » son opération militaire à Rafah, afin « d’empêcher une catastrophe humanitaire plus grave encore ».

Plus de 28 000 morts à Gaza

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent de commandos du Hamas infiltrés de la bande de Gaza dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils tués ce jour-là, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, le gouvernement israélien a juré de « détruire » le mouvement islamiste qu’il considère comme une organisation « terroriste », de même que les Etats-Unis et l’Union européenne.

L’offensive israélienne a fait 28.473 morts dans la bande de Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.

Selon Israël, 130 otages se trouvent encore à Gaza, dont 29 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre. Une trêve d’une semaine en novembre avait permis la libération de 105 otages en échange de 240 Palestiniens détenus par Israël.

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