L’oléoduc Eacop de Total en Tanzanie dénoncé par des scientifiques du Giec : une « bombe carbone »

Dans « Le Monde », 188 chercheurs dénoncent ce dimanche 8 mai le projet « absurde » de TotalEnergies qui veut construire un pipeline géant en Ouganda et Tanzanie. (Illustration : manifestation d’activistes contre Eacop, à Paris, septembre 2022)
Dans « Le Monde », 188 chercheurs dénoncent ce dimanche 8 mai le projet « absurde » de TotalEnergies qui veut construire un pipeline géant en Ouganda et Tanzanie. (Illustration : manifestation d’activistes contre Eacop, à Paris, septembre 2022)

ENVIRONNEMENT - « Plus aucun nouveau projet fossile n’a sa place ». C’est le message martelé par 188 scientifiques de différentes disciplines, dont des experts du climat du Giec, dans une tribune publiée dans les colonnes du Monde ce dimanche 7 mai. L’objet de leur colère : le projet « Eacop » de TotalEnergies, qui prévoit de construire un oléoduc géant sillonnant l’Ouganda et la Tanzanie.

Les conclusions de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) et du rapport du Giec sont claires : aucun nouveau projet pétrolier et gazier ne doit sortir de terre si l’on ne veut pas dépasser l’objectif de 1,5 degré de réchauffement, par rapport à l’ère préindustrielle, fixé par l’Accord de Paris.

En dépit de ces acquis scientifiques, la firme pétro-gazière « s’obstine à vouloir développer le plus long oléoduc chauffé au monde (1 443 kilomètres) » , écrivent les signataires de cette tribune.

Ce projet est « une bombe carbone » qui émettra, « sur les vingt-cinq années annoncées, plus de 379 millions de tonnes équivalent CO2 », arguent les chercheurs. Ce pipeline met aussi en péril « des zones à la biodiversité sensible » et « contribue à des violations avérées des droits humains en Ouganda et en Tanzanie », dénoncent-ils.

Les actionnaires doivent se rebeller

Ces scientifiques, parmi lesquels les paléoclimatologues et figures emblématiques du Giec, Jean Jouzel et Valérie Masson-Delmotte, démontent un à un l’argumentaire de TotalEnergies en faveur de ce projet. Non, la multinationale ne répond pas « à la demande » énergétique de la population comme elle le prétend. TotalEnergies « ne fait volontairement pas la distinction entre demande et besoins » et les producteurs cherchent « à orienter la demande énergétique future vers les énergies fossiles », abondent-ils.

Enfin, les experts lancent un appel aux actionnaires à voter contre le « say on climate », soit la « stratégie climat », que proposera la firme lors de sa prochaine assemblée générale, le 26 mai. Ils souhaitent qu’ils exigent de l’entreprise d’abandonner l’oléoduc Eacop et tousact ses autres projets fossiles « en passe de détruire nos conditions de vie sur Terre ».

Lassés que leur parole soit si peu écoutée, de nombreux scientifiques sortent désormais de leur réserve dans les médias et sur les réseaux sociaux. À l’instar de la coprésidente du Giec, Valérie Masson-Delmotte, qui dénonçait sur Twitter, mi avril, les menaces de dissolution pesant sur le collectif écologiste « Les Soulèvements de la Terre ».

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