Avec l’ivresse, le panier à salades au prix fort

A compter du 1er janvier, le verre de trop pourrait coûter très cher aux fêtards orléanais. La ville vient d’approuver une délibération autorisant la «facturation du coût de transport» des personnes interpellées en état d’ivresse.

Selon le rapport de l’élu local en charge de la sécurité, la police municipale accompagnerait, chaque année, jusqu’à 300 personnes éméchées vers l’hôpital de la ville, puis la chambre de dégrisement du commissariat. Ladite délibération instaure le paiement des frais de transport à hauteur de 120 euros, somme censée couvrir les frais engagés par la ville. S’y ajoute une contravention pouvant atteindre 150 euros.

Des mesures jugées «disproportionnées» par deux juristes orléanais qui vont prochainement porter l’affaire devant le tribunal administratif. «Le but de la mesure n’est pas de prévenir le trouble à l’ordre public, mais de faire payer un impôt déguisé. La police ne peut poursuivre un tel but, expliquent-ils. Le coût est disproportionné et ne correspond pas à la réalité des frais occasionnés.» Les juristes estiment également que le trajet vers l’hôpital ou les frais médicaux ne peuvent être facturés par la collectivité.

Contestée par l’opposition municipale de gauche, mais approuvée par les élus Front national, cette délibération est jugée liberticide par certains acteurs locaux. «La municipalité veut-elle que la vie orléanaise s’éteigne ?» questionne ainsi Alex Vagner, président de branche des métiers de nuit au syndicat hôtelier UMIH qui regrette «l’absence totale de concertation».

Pour Tahar Ben Chaabane, ancien élu municipal centriste, «cette nouvelle mesure conservatrice donne une image détestable de la ville où l’on veut tout réglementer à coups d’arrêtés». Côté pratique, la facturation pourra être réclamée aux fêtards dès la nuit de la Saint-Sylvestre.

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