Sur l’IVG dans la Constitution, Yaël Braun-Pivet a changé d’avis et s’en explique

En 2018, l’actuelle présidente de l’Assemblée nationale était contre l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Avant de la défendre corps et âme quelques années plus tard.

POLITIQUE - La Yaël Braun-Pivet de 2024 ne dit pas la même chose que la Yaël Braun-Pivet de 2018, et elle l’assume. La présidente de l’Assemblée nationale a expliqué ce mercredi 6 mars avoir changé d’avis sur la constitutionnalisation de l’interruption volontaire de grossesse, un projet qu’elle a fermement soutenu en 2024… après avoir été contre six ans plus tôt.

Au Congrès de Versailles, les coulisses de l’inscription de l’IVG dans la Constitution - REPORTAGE

Lundi, Yaël Braun-Pivet a présidé le Congrès qui a entériné l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Le sujet faisait consensus entre le camp présidentiel et la gauche. Néanmoins, La France insoumise s’est émue de ne pas entendre le Premier ministre Gabriel Attal citer l’implication de Mathilde Panot sur ce sujet, alors qu’elle était à l’origine de la première proposition de loi en ce sens adoptée en novembre 2022.

« N’oubliez pas : ceux qui veulent aujourd’hui s’approprier une grande victoire s’y opposaient hier ! », a ainsi réagi sur X le coordinateur national de LFI Manuel Bompard, partageant une vidéo de juillet 2018 dans laquelle Yaël Braun-Pivet, à l’époque présidente de la commission des Lois, argumente contre une modification de la Constitution.

« Je ne pense que pas l’inscription de ces droits dans la Constitution d’une part soit nécessaire, d’autre part soit utile. Il n’est nul besoin de brandir des peurs relatives à ce qui se passe dans d’autres pays pour estimer que ces droits seraient menacés dans le nôtre », déclarait-elle lors d’une séance à l’Assemblée.

"Il s’est passé les États-Unis" et une rencontre avec Nancy Pelosi

Alors que s’est-il passé entre 2018 et 2024 ? « Il s’est passé les États-Unis. Quand je suis devenue présidente de l’Assemblée nationale [en 2022], j’ai rencontré en septembre à Berlin Nancy Pelosi, speaker du Congrès américain », a expliqué Yaël Braun-Pivet au micro de France Inter. Trois mois auparavant, la Cour Suprême américaine était revenue sur l’arrêt Roe vs Wade, garant du droit à avorter à l’échelle fédérale.

« Je lui ai demandé si elle s’y attendait, comment elle l’avait vécu (....) Et elle m’a dit à quel point elle n’avait jamais imaginé que le droit à l’avortement puisse ainsi être remis en cause. Elle m’a avertie en me disant “Protégez-le parce qu’on ne sait jamais de quoi l’avenir est fait” », a confié Yaël Braun-Pivet.

La décision de justice américaine et cet entretien ont donc contribué à la faire changer d’avis, même si, elle le reconnaît, le droit à l’avortement était déjà menacé ailleurs dans le monde, mais « pas de façon aussi nette ».

« Quelle femme politique je serai si je n’étais pas à l’écoute du monde et des gens ? Oui j’ai évolué parce que le monde a changé, parce que les menaces qui pèsent sur les droits des femmes s’accentuent, parce que bien loin de progresser, ils régressent dans le monde », justifie désormais Yaël Braun-Pivet qui, depuis la salle du Congrès à Versailles, a dit « sa fierté » de présider une séance « historique ».

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