L’interdiction de l’abaya occulte le débat sur les grands problèmes de l’école française

“Quand une tenue vestimentaire commence à accaparer le débat public en France, c’est le signe que la rentrée approche.” C’est la première réflexion qu’a inspirée à l’hebdomadaire allemand Die Zeit l’interdiction de l’abaya dans les écoles françaises : une illustration de ce qui ne sera ni la première ni la dernière polémique dans l’Hexagone sur un vêtement attribué à la religion musulmane alors que les élèves français en repris le chemin de l’école ce 4 septembre.

Dans le cas de l’abaya, constate l’hebdomadaire, la nature du vêtement ne fait pas l’unanimité en France. Mais indépendamment des avis sur ce sujet, force est de constater que la liste des vêtements interdits s’allonge toujours plus, comme le montre le vade-mecum du ministère de l’Éducation nationale concernant la laïcité à l’école : 114 pages.

Selon les experts et représentants de syndicats interrogés par le journal, peu d’établissements en France se trouvent réellement confrontées à une forte présence d’abayas en leur sein. Mais surtout, explique la journaliste, avec sa focalisation sur ce vêtement, le gouvernement a occulté d’autres grands problèmes de l’école en France.

Pénurie d’enseignants

“La pénurie d’enseignants est dramatique. À quelques jours de la rentrée, les nouveaux professeurs en reconversion, qui se retrouveront devant une classe lundi, étaient encore en formation éclair. [Près de] 2 000 mineurs vivent actuellement sans solution de logement – c’est trois fois plus qu’il y a dix-huit mois. À la suite de la pandémie, un élève sur deux souffre de symptômes d’anxiété ou de dépression”, énumère Die Zeit.

Voilà ce qui vaudrait une discussion approfondie. Ainsi que l’autre problème central : le manque de mixité, ajoute-t-elle. Car le trop grand entre-soi dans les établissements favorise probablement le port de signes extérieurs distinctifs. Dans cette logique, les élèves des établissements où l’interdiction sera ressentie aujourd’hui ont toutes les chances de se sentir encore plus marginalisés qu’avant.

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