L’Indonésie confrontée à un flux de fake news sur les réfugiés rohingyas

De nombreux Indonésiens ont relayé sur les réseaux sociaux un message attribué au Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). “Nous espérons que les réfugiés rohingyas pourront être acceptés par la société indonésienne et que le gouvernement pourra leur fournir des maisons, de la nourriture et des cartes d’identité indonésiennes.” Des internautes, scandalisés, se sont mis à dénoncer une forme d’invasion de l’archipel par les centaines de membres de cette minorité musulmane persécutée en Birmanie. Mais, comme l’explique BBC News Indonesia, ces supposées captures d’écran du site officiel de l’organisme onusien étaient en fait des faux. Leur but était visiblement d’exacerber un sentiment xénophobe au sein de la population indonésienne : depuis un mois, quelque 1 500 rohingyas sont arrivés sur les côtes de Sumatra, 400 pour le seul 10 décembre.

Entre le 2 et le 8 décembre, l’institut indonésien d’analyse des réseaux sociaux, Drone Emprit, a observé une forte augmentation des messages à connotation négative visant les réfugiés rohingyas, diffusés sur des forums comptant de nombreux abonnés. “Qui diffuse ces récits de haine et ces infox et pour quel motif ?” s’interroge BBC News Indonesia.

Contexte électoral

Chris Lewa, directeur d’Arakan Project, une organisation de défense des droits des Rohingyas, estime que ces infox “ne peuvent être dissociées de l’approche de l’élection présidentielle de février 2024”, lors de laquelle la question des réfugiés pourrait occuper une place centrale.

Le fondateur de Drone Emprit, Ismail Fahmi, cite en exemple un clip massivement partagé montrant un des candidats saluer l’arrivée des réfugiés rohingyas en Indonésie. Certains candidats semblent, à l’inverse, bien plus réfractaires à cette idée : l’actuel ministre coordinateur des Affaires politiques, juridiques et sécuritaires, Mahfud MD, a ainsi martelé que Jakarta n’avait aucune obligation de les accepter.

Le flux de fausses informations est tel que le HCR s’est fendu d’une publication sur son site Internet, le 5 décembre. Il énumérait “14 choses à savoir” sur les réfugiés rohingyas, rappelant que l’Indonésie s’était engagée à défendre les droits des réfugiés et que ces derniers savaient que “s’ils [étaient] accueillis en Indonésie ils [étaient] tenus de respecter ses lois et coutumes”.

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