L’impossible parlementarisme français

Séance publique de questions au gouvernement français au Palais-Bourbon le 14 février 2023.  - Credit:Xose Bouzas/Hans Lucas via AFP
Séance publique de questions au gouvernement français au Palais-Bourbon le 14 février 2023. - Credit:Xose Bouzas/Hans Lucas via AFP

Si la réforme était défendable, la méthode ne l'était pas. L'autoritarisme malséant de la majorité a conforté l'opinion dans la bonne conscience de sa colère. Cette performance est d'autant plus remarquable que l'opposition, La France insoumise en tête, n'a pas été à la hauteur d'un événement où, dès la présidentielle, elle avait pourtant convoqué les citoyens.

L'absence de majorité absolue en faveur du gouvernement aurait garanti un contre-pouvoir inédit sous la Ve République hors période de cohabitation. Le parlementarisme était de retour et, pourtant, le parlementarisme s'est montré impuissant. Même dans une situation apparemment défavorable au chef de l'État, la légitimité a démontré sa force. Comment peut-on en être rendu à ce point ?

Coups d'État

La France est coutumière de ces apparentes contradictions. Si le peuple, dans le sens le plus plébéien du terme, est à l'origine de la révolution de 1789, la prépondérance de l'exécutif ne s'est jamais démentie ; et le Parlement a souvent joué un rôle plus cosmétique que décisif, bousculé et supplanté par les mouvements populaires.

À Paris, la politique est moins un sport collectif qu'une confrontation directe entre un chef de l'État et un peuple. De la qualité de cette relation d'adversaire/partenaire dépend l'harmonie de la société. La monarchie capétienne se concevait, théoriquement du moins, comme une alliance entre le roi et des sujets, le premier s'engageant à protéger les seconds, y compris et surtout con [...] Lire la suite