L’IA entre en guerre

“Le premier conflit de l’IA” : voilà comment le magazine Time évoquait la guerre en Ukraine en couverture de son édition du 26 février. Dans une très longue enquête, l’hebdomadaire américain revenait sur la visite du PDG de Palantir, Alex Karp (décrit comme le “marchand d’armes assistées par l’IA du XXIe siècle”), à Volodymyr Zelensky, en juin 2022. Puis Microsoft, Amazon, Google et Starlink ont très vite afflué en Ukraine, où ils ont pu explorer en temps réel les hypothèses les plus avancées de leurs systèmes d’intelligence artificielle appliqués au renseignement et au combat. Créant ainsi, selon Time, un “laboratoire de la guerre du futur”.

Depuis, cette analyse a trouvé un large écho dans la presse étrangère. Celle-ci ne cache plus son inquiétude à l’égard du pouvoir des “robots tueurs” qui échappent de plus en plus à toute supervision humaine. Cela justifiait largement un dossier, au vu notamment des dernières révélations sur la stratégie israélienne à Gaza.

“Jusqu’au début de la guerre en Ukraine, il y a un peu plus de deux ans, on ne laissait pas les systèmes d’armes létales autonomes (Sala), aussi appelés ‘robots tueurs’, appuyer sur la gâchette, écrit ainsi le quotidien espagnol ABC. Le principe généralement appliqué était celui de l’‘humain dans la boucle’ : la décision et la responsabilité revenaient toujours, en dernier ressort, à un ­facteur humain.”

Mais voilà, les “lois de la robotique” énoncées en leur temps par l’écrivain et figure tutélaire de la science-fiction Isaac Asimov, et qui stipulent qu’en aucun cas un robot ne peut porter atteinte à un être humain, semblent avoir vécu.

“La ligne rouge a été franchie, et pas seulement par des pays en guerre ou des entreprises de la tech”, déplore ainsi Andrian Kreye dans la Süddeutsche Zeitung. Chez les chercheurs, explique l’auteur, la règle tacite selon laquelle il ne faudrait pas travailler à la création de “robots tueurs” ni utiliser l’intelligence artificielle à des fins militaires n’est plus en vigueur. Le poids des grandes puissances dans la course aux armements est trop fort, et les négociations pour interdire les armes autonomes ont désormais peu de chances d’aboutir.

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