"L’hystérie de cette société me fait peur": le journaliste Olivier Delacroix dénonce "le lynchage" de Pierre Palmade
Il est l'une des rares personnalités à prendre publiquement la parole sur l'affaire Palmade. Invité de BFMTV, le journaliste Olivier Delacroix a violemment critiqué la responsabilité des réseaux sociaux, qualifiés de "caniveaux publics", dans ce qu'il considère comme un "lynchage". Précisant dans un premier temps que selon lui, Pierre Palmade est "impardonnable et inexcusable", le documentariste déplore une forme de "volonté de lui écrabouiller la gueule".
"Beaucoup se sont réjouis, certains sur un plateau de télévision même se sont demandé s’il avait le courage de se suicider", explique-t-il.
Le journaliste considère que ce qu'il qualifie d'acharnement constitue une forme de double peine pour l'humoriste. "Sa sanction, sa peine, c’est celle-là: au moment où il a rouvert les yeux et appris qu’il avait décimé une famille entière. C'est un homme intelligent, il sait le mal qu'il a fait", dit-il.
"C'est le puissant qui tombe"
Olivier Delacroix déplore ainsi le phénomène de "tribunal populaire" qui s'est mis en place après l'accident du comédien en Seine-et-Marne survenu le 10 février.
"Il y a une indécence autour de ça", juge-t-il.
"Moi ça me fait peur, l’hystérie de cette société où finalement les règles de la démocratie et du jeu des réseaux sociaux permettent à n’importe qui de donner son avis et de condamner", dénonce le journaliste.
Selon lui, ce lynchage populaire peut trouver, en partie, sa source dans une forme d'homophobie. "C’est le puissant qui tombe. N’oubliez pas que Pierre Palmade est gay. Bien évidemment, il y a quelque chose de l‘ordre de l’homophobie, on ne peut que le constater", ajoute-t-il, évoquant un homme qui l'a "souvent ému" car "il traînait son malheur, cet homme-là."
De fait, Olivier Delacroix invite les détracteurs du comédien à analyser la situation dans laquelle il se trouve sous un autre angle, et surtout, à cesser le lynchage.
"Beaucoup de gens ont la représentation de Pierre Palmade dans la lumière, drôle, qui faisait d’excellentes émissions, qui touche de l’argent depuis longtemps, le gay qui a réussi... Beaucoup de gens ont du mal avec ça, et tout à coup il tombe. Ce qui m’a gêné, c’est de voir les gens le piétiner, s’essuyer leurs pompes sur lui."
"Quelque chose de notre société qui se raconte"
Interrogé sur les amis et proches de Pierre Palmade qui se font extrêmement rares dans les médias pour le défendre, Olviier Delacroix pointe "la nature de ces relations", les amis "qui fuient quand vous traversez une épreuve."
"Je ne le connais pas, je ne l’excuse pas, mais il y a quelque chose de notre société qui se raconte dans le lynchage", dénonce-t-il encore.
"Les amis qui n’osent pas écorner leur image et parler de leur ami, dire qui il est, quelle est sa grande souffrance, ce chemin qui l'a mené jusqu’à ce drame. Ses amis proches s’attendaient à un drame, peut-être pas de cette ampleur, mais ils devaient s’y attendre."
Lundi, l'humoriste a été placé lundi en détention provisoire en lien avec le grave accident de la route qu'il avait provoqué sous l'emprise de la cocaïne et de ses dérivés. Dans l'immédiat, la situation de Pierre Palmade ne change toutefois pas sensiblement. Victime samedi soir d'un accident vasculaire cérébral, le comédien avait été transporté ce week-end à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre où il a depuis été placé sous écrou.
Mardi, BFMTV a appris que le bébé de la passagère de l'autre véhicule impliqué dans l'accident est né "viable et vivant" avant de succomber des causes de la collision. Pour cela, l'acteur encourt jusqu'à 20 ans de prison.