L’hommage à Gisèle Halimi très émouvant de son fils Jean-Yves

8 MARS - Derrière ses quelques saillies pleines d’humour, l’émotion surgit. Jean-Yves Halimi a rendu un hommage plein de tendresse à sa mère, l’avocate féministe Gisèle Halimi décédée en 2020, lors d’une cérémonie organisée en son honneur ce mercredi 8 mars au Palais de justice de Paris.

« Il en est de l’hommage personnel mais public d’un fils aîné à sa mère, comme il en est de la défense dans un dossier controversé. L’exercice est difficile. On dit même que la première phrase est essentielle », a débuté Jean-Yves Halimi, lui-même avocat. « Eh bien, pour moi, la voilà derrière moi, maman ! »

Premier à prendre la parole lors de cet hommage national, Jean-Yves Halimi est d’abord revenu sur les combats de sa mère et sur la guerre d’Algérie, avant d’évoquer leur vie de famille et, avec sincérité et poésie, leurs moments difficiles : « Comme dans la chanson de Jacques Brel, ’’bien sûr nous eûmes des orages’’. »

Des confidences très personnelles

« Il a pu m’arriver de me montrer froissé - c’est une litote - de t’entendre regretter publiquement, ad nauseaum, de ne pas avoir eu des filles à la place de tes trois garçons », a-t-il raconté, sous les rires de l’assistance où étaient notamment présents François Hollande et Emmanuel Macron. « Je n’avais pas cette information à la naissance, sinon, nouveau-né susceptible, je serais peut-être retourné dans le placenta d’une autre, qui sait », a encore plaisanté l’avocat, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

« J’ai pu faire amende honorable en te donnant ta seule petite fille avec laquelle tu as entretenu une relation passionnelle, a poursuivi Jean-Yves Halimi, toujours plus personnel. Mais facétieux, très peu de temps après, je t’ai aussi donné ton seul petit-fils, faisant entrer un quatrième garçon au sein de notre famille ».

Et de revenir, une nouvelle fois, sur leur relation tumultueuse, conflictuelle : « Nous eûmes des orages, des éclipses, quelques hivers et beaucoup d’étés. Mais le ciel capricieux de notre relation ne fut jamais encombré des nuages sombres de l’indifférence, qui seuls auraient pu altérer la force de notre lien. »

« Instrumentalisation politique »

« Tu es partie quand tu l’as décidé, au lendemain de ton 93e anniversaire, comme une dernière coupe de champagne lancée effrontément à la face du monde. La boucle était bouclée. Alors chapeau l’artiste », a-t-il continué. Avant de conclure : « Maman, aujourd’hui entouré de ma famille et devant les plus hauts représentants de la nation, je me sens un peu seul. Même nos disputes me manquent. »

Cet hommage national ne faisait pas l’unanimité avant sa tenue. Un autre de ses fils, le journaliste Serge Halimi, avait indiqué qu’il n’y assisterait pas car organisé « alors que le pays est mobilisé contre une réforme des retraites extrêmement injuste », notamment pour les femmes.

L’association co-fondée par Gisèle Halimi « Choisir la cause des femmes » a également dénoncé la cérémonie organisée deux ans et demi après la mort de l’avocate. Selon elle, il s’agit d’une « instrumentalisation politique ». Pour sa part, Emmanuel Macron a choisi ce moment-là pour annoncer la présentation d’un projet de loi « dans les prochains mois » pour inscrire l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution.

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