Sur l’hôpital, Gabriel Attal se met les syndicats à dos après une annonce trompeuse
SANTÉ - Une enveloppe insuffisante. Lors d’un déplacement du nouveau Premier ministre Gabriel Attal au CHU de Dijon ce samedi, la promesse d’un « investissement » de « 32 milliards supplémentaires » pour le secteur de la santé a fait lever quelques sourcils depuis la fin du week-end. Et pour cause, cette annonce n’a pas grand-chose d’inédit.
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En Bourgogne, Gabriel Attal avait en effet déclaré devant la presse que l’hôpital était un « trésor national » qui nécessitait « 32 milliards d’euros supplémentaires » sur les « cinq ans à venir ». Une déclaration qui avait ensuite contraint Matignon à préciser la pensée du Premier ministre.
Car ces 32 milliards correspondent en réalité à la « hausse du budget de la branche maladie qui a été adoptée dans la dernière loi de financement de la sécurité sociale ». Pour faire simple, Gabriel Attal s’est contenté de rappeler l’évolution prévue des dépenses de santé, telle que prévue par la loi de programmation de finances publiques. Des dépenses qui comprennent l’hôpital mais aussi la médecine de ville.
« 32 milliards : cherchez l’erreur ou la tromperie »
Dès samedi, le président de l’Association des médecins urgentistes de France Patrick Pelloux, avait dénoncé à chaud un « coup de com’ » dans Le Parisien. Le ton était donné, les syndicats hospitaliers dénonçant depuis une augmentation « déjà prévue » et même « insuffisante » compte tenu du niveau d’inflation dans l’Hexagone.
Ce lundi 15 janvier, le syndicat d’anesthésistes SNPHAR-E en a remis une couche dans un communiqué, déplorant également l’absence de « nouveauté ». D’autant plus qu’il est « d’ores et déjà admis que cette hausse programmée du budget de la santé sera insuffisante, la hausse naturelle des dépenses de santé étant supérieure ».
« 32 milliards : cherchez l’erreur ou la tromperie », écrit de son côté la fédération Force ouvrière services publics de la santé, qui demande lui aussi de se « méfier des coups de communication ». FO ajoute que le gouvernement prévoyait plutôt dans son budget de « faire des économies », par rapport à la croissance naturelle des dépenses de santé.
Une loi de programmation sur cinq ans
Au micro de franceinfo ce lundi, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF) Arnaud Robinet s’est inquiété de cet effet d’annonce qui a pour conséquence de « véritablement jouer avec les nerfs des hospitaliers et des acteurs du monde de la santé ».
À court terme, les hôpitaux publics sont encore « en attente d’arbitrages majeurs, sans lesquels (leur) budget 2024 est d’ores et déjà insuffisant ». La FHF attend notamment une compensation de l’inflation pour 2023 et une restitution d’environ 800 millions d’euros du fait d’une sous-exécution budgétaire en 2023.
Face à une « situation extrêmement grave » et « urgente », celui qui est par ailleurs maire Horizons de Reims a donc plaidé pour une « loi de programmation sur cinq ans, comme on le fait pour la défense nationale où on se donne des objectifs, on se donne les moyens, du donnant-donnant, du gagnant-gagnant avec l’ensemble des acteurs du monde de la santé ».
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