Avec l’exercice militaire « Orion », l’armée simule une guerre dans le Sud de la France

A French paratrooper takes part in a large-scale military drill called
CHARLY TRIBALLEAU / AFP A French paratrooper takes part in a large-scale military drill called "Orion" as paratroopers simulate an assault against a fictional enemy, in Castres, southwestern France, on February 25, 2023. (Photo by Charly TRIBALLEAU / AFP)

ARMÉE - Un exercice militaire grandeur nature. L’armée française a débarqué samedi 25 et dimanche 26 février sur le littoral sétois pour un entraînement interarmée d’ampleur inédite. Ce dimanche, 700 soldats et près de 150 véhicules ont débarqué sur les côtes de l’Hérault, dans le cadre de cet exercice baptisé Orion 2023, dont le scénario prévoit un débarquement amphibie et aéroporté dans le Sud de la France pour repousser une milice hostile soutenue par un État voisin puissant.

De telles manœuvres sont rares. « Les dernières opérations amphibies menées par la France concernaient des évacuations de ressortissants, au Yémen en 2015 et en Côte d’Ivoire en 2012 », rappelle le lieutenant de vaisseau Dewy, responsable de la flottille amphibie mobilisée ce dimanche. Prévue depuis 2020, l’opération Orion prend une signification plus grande encore depuis le retour de la guerre en Europe, il y a un an.

Pas moins de 7 000 militaires, français et étrangers, participeront au total à cette campagne aéromaritime qui doit se dérouler jusqu’à la mi-mars. L’exercice inclut notamment l’ensemble des composantes et des capacités des armées françaises dans tous les milieux (terre, mer, air, espace, cyber) et tous les champs (informationnel et électromagnétique).

Quelque 2 300 véhicules, dont 400 véhicules de combat, 40 hélicoptères et une centaine de drones militaires, font partie de l’opération. Près de 130 aéronefs, notamment des Rafale, et des systèmes de défense sol/air sont également mobilisés. Sur mer, on trouve 30 bâtiments, dont le porte-avions Charles de Gaule ou encore deux porte-hélicoptères amphibies.

« J’espère que c’est quelque chose qu’on ne verra jamais »

L’impressionnant dispositif n’a pas manqué d’interloquer les locaux. « Nous, on a notre carnaval à Nice et là aujourd’hui, ça fait un peu carnaval à Frontignan, c’est super, ça met un peu d’animation », explique en filmant la scène Christine Ciais, jeune retraitée nouvellement installée dans la région de Sète, tandis qu’un engin amphibie repart en direction des deux imposants porte-hélicoptères de la Marine qui croisent au large.

« On a appris la tenue de cet entraînement au débarquement dans le journal et sur les réseaux sociaux. J’ai beaucoup de chance de pouvoir voir ces manœuvres, c’est quelque chose d’exceptionnel », dit-elle avec enthousiasme, tout en confiant : « Tous ces chars qui défilent, j’espère que c’est quelque chose qu’on ne verra jamais ».

Malgré le caractère très policé de cet exercice de débarquement, à des années-lumière des images du D-Day et de son déluge de feu, la guerre en Ukraine est dans toutes les têtes. « Il y a un côté anxiogène. On se dit “qu’est-ce que doivent vivre certains peuples ?” Mais quelque part, ça rassure d’avoir une armée qui soit aussi bien équipée et qui puisse se mobiliser comme on le voit aujourd’hui », confie Géraud Vaillat, 53 ans, chef d’entreprise, venu en famille assister au ballet des soldats et des camions déversés sur la côte.

12 000 militaires déployés dans le Nord-Est au printemps

« La presse en parle depuis quinze jours : il y a 7 000 soldats qui vont se déployer d’ici jusque dans le Tarn, pour simuler une attaque avec une milice qu’on pourrait peut-être comparer à Wagner (groupe paramilitaire russe, ndlr) », réagit Richard Vincent, 66 ans, résident de Frontignan, satisfait du spectacle. « C’est le moyen de montrer qu’on a une armée, qu’elle est abordable. Sinon, on ne les voit jamais, ils sont invisibles. Tout ce qu’on voit, c’est les plans Vigipirate dans les gares ou dans les aéroports », commente-t-il en regardant défiler les tout nouveaux blindés Griffon de l’armée de Terre.

« C’est le sel de l’exercice Orion : il faut se réapproprier le terrain libre, pouvoir sortir des camps de manœuvre et aussi se réapproprier cette proximité avec la population civile », souligne le capitaine Pierre François, officier de communication de la 6e brigade légère blindée.

À l’issue de ce débarquement, les troupes doivent investir le Massif de la Gardiole, au nord de Frontignan. Cette phase de l’exercice Orion se poursuivra jusqu’au 11 mars. Au printemps, les armées simuleront ensuite un affrontement aéroterrestre de haute intensité contre l’État fictif « Mercure », avec le déploiement de 12.000 militaires dans le Nord-Est.

Entre ces deux grandes séquences, une phase civilo-militaire sera centrée sur les différents moyens de soutien civil aux armées en cas d’engagement majeur (santé, transport…), les réserves et la lutte informationnelle.

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