Dans l’Essonne, les agriculteurs réclament « l’abolition de l’esclavage normatif »
Julien et Fabien sont frères. Ils exploitent tous deux une exploitation de céréales à Monnerville (Essonne), à soixante kilomètres à peine de la capitale. En ce jeudi après-midi, le ciel bas et gris se reflète dans leur regard bleu acier. Un regard qu'ils partagent, tout comme les 290 ha de l'exploitation qu'ils ont rachetée à leur père. Fabien et Julien ne sont pas syndiqués, mais ils sont venus manifester sur un rond-point, à côté d'Étampes, à l'appel de la FNSEA, le syndicat majoritaire des agriculteurs.
« La coupe est pleine, on n'en peut plus. Le mouvement est parti de la fin de l'avantage fiscal du gazole non routier, mais ce qu'on demande, c'est une vision de long terme. On fait des investissements, souvent sur des dizaines d'années, on a besoin de savoir ce qui va nous arriver », témoigne Fabien.
Les griefs sont nombreux dans la bouche des agriculteurs : obligation de mises en jachère, cultures de conservation, concurrence internationale – en particulier d'Ukraine –, contrôles sur l'utilisation des produits phytosanitaires, augmentation du coût l'électricité… Mais ce qui revient, lorsque la parole se fait plus rare sur le rond-point, et que l'on relève la tête pour saluer les nombreux transporteurs qui encouragent les agriculteurs à ne rien lâcher, c'est « le manque de considération ».
« On ne lâchera rien »
« J'en veux particulièrement aux médias, qui nous montrent comme des empoisonneurs. Je leur en veux d'inviter, encore ce matin à la radio, des éc [...] Lire la suite