Dans l’espace, personne ne l’entendait miauler

Il est des chats qui ont des destins particuliers. Des chats de cinéma, comme le persan de Blofeld, dans James Bond ; des chats puissants, comme la déesse Bastet, souveraine dans l’Égypte antique ; des chats de littérature, ondoyant pour le plus grand bonheur de leur propriétaire, comme ceux de Colette.

Et puis, il y a les astrochats.

Ou plutôt, l’astrochat.

Car cette semaine, chères lectrices et chers lecteurs, nous retournons dans le passé pour vous présenter Félicette, la minette partie en octobre 1963 faire un petit tour dans l’espace.

Pourquoi Félicette ? Et pourquoi maintenant, alors que l’actualité si sombre à Gaza, en Israël, et en Ukraine, pour ne citer que ceux-là, emporte tout sur son passage ? Justement : pour une petite bouffée de ciel étoilé et de sixties, pour retourner soixante ans en arrière, quand plusieurs pays bataillaient dans la course à l’espace.

Nous sommes en 1963, donc, et la France veut se positionner comme un acteur spatial, à l’instar des États-Unis et de l’URSS. Pour ce faire, elle aussi entend bien envoyer un animal dans la stratosphère. Ça ne sera pas un chien (ça, c’est la spécialité de Moscou), ni un singe (espèce plébiscitée par Washington). Mais un chat. Un chat de gouttière noir et blanc nommé C341. C’est sous cette appellation qu’il obtiendra la grâce insigne d’être élu pour une mission spatiale, avant d’être rebaptisé “Félix”, puis – oh pardon, on n’avait pas vu que c’était une femelle ! – “Félicette”. Félicette, l’astrochat français ! Ou même le spatiochat pour les puristes parmi vous, chères lectrices et lecteurs.

Un astrochat qui s’est retrouvé propulsé à une altitude de 154 kilomètres, avant de revenir, en vie, sur la terre ferme… Pourquoi cette expérience, extrêmement risquée pour l’infortuné animal ? “Dans les années 1960, ce qui préoccupait les scientifiques et les ingénieurs, c’était avant tout le danger que pouvait représenter pour un être humain l’enfermement dans une capsule dans l’espace. La plupart des vols spatiaux d’animaux avaient donc pour but de constater les effets sur leur santé de différents éléments auxquels ils étaient soumis, comme l’apesanteur et l’augmentation des radiations, et s’ils pouvaient y survivre”, explique l’astronome Jake Foster, de l’Observatoire royal de Greenwich, à The Observer, qui consacre un passionnant article aux 60 ans de l’odyssée de Félicette et aux autres animaux de l’espace. “En ne succombant pas, ils ont ouvert la voie aux voyages de l’homme dans l’espace”, poursuit-il.

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