L’EPR de Flamanville va pouvoir être mis en service, mais avec 12 ans de retard sur le calendrier prévu

Le pont de la turbine du réacteur nucléaire de l’EPR de troisième génération de Flamanville, finalement autorisé à démarrer sa mise en service ce mardi 7 mai.
SAMEER AL-DOUMY / AFP Le pont de la turbine du réacteur nucléaire de l’EPR de troisième génération de Flamanville, finalement autorisé à démarrer sa mise en service ce mardi 7 mai.

NUCLÉAIRE - Le feu vert est enfin donné pour EDF. L’Autorité de sûreté nucléaire a finalement autorisé la future mise en service du réacteur de nouvelle génération EPR de Flamanville ce mardi 7 mai, avec pas moins de douze ans de retard sur le calendrier initial.

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Annoncée par le directeur général adjoint du gendarme de la sûreté nucléaire en France à l’AFP, puis confirmée dans un communiqué, cette décision va permettre à EDF de lancer rapidement le chargement en combustible nucléaire dans le réacteur, une étape primordiale pour le lancement progressif de la production d’électricité, prévue au cours de l’été.

Au cours des prochains mois, « la phase d’essais » va donc pouvoir être engagée, comme l’a précisé Julien Collet, patron de l’ASN. Des essais qui doivent notamment permettre de « vérifier le bon comportement du cœur du réacteur » et « le bon fonctionnement des dispositifs de sûreté du réacteur », a-t-il poursuivi.

À ce stade, EDF est autorisé à procéder dès qu’il le souhaite au chargement « un par un » des assemblages d’uranium dans le réacteur. Toutefois, le raccordement au réseau électrique français, également appelé « couplage », n’interviendra que dans quelques mois.

EDF doit avant cela attendre que le réacteur atteigne 25 % de sa puissance, après une montée progressive par paliers. Ce n’est donc qu’en « fin d’année » que le réacteur devrait fonctionner à plein et livrer ses électrons à 100 % de sa puissance, explique EDF.

Quatre fois le devis initial

Or malgré ce feu vert, tout n’est pas encore gagné pour EDF, qui va devoir solliciter son autorité de tutelle à plusieurs reprises avant de passer le cap de puissance de 100 % de son nouveau réacteur. En effet, l’entreprise est soumise à l’avis de l’ASN à trois étapes importantes de ce futur lancement : « avant de démarrer la réaction nucléaire », « au palier de puissance de 25 % puis au palier de puissance de 80 % », a encore précisé le patron de l’ASN.

L’exemple de l’EPR de Flamanville devrait ainsi servir d’expérimentation grandeur nature pour EDF et toute la filière, sachant que le gouvernement français a encore pour ambition de construire 14 réacteurs de ce type en France.

Un lancement réussi dans les prochains mois serait surtout le moyen de faire (un peu) oublier à quel point ce chantier de 17 ans aura été difficile et émaillé de multiples problèmes, sans parler des dérapages budgétaires colossaux. En effet, un démarrage réussi dès cet été 2024 mettrait déjà fin aux douze années de retard sur le calendrier de départ. Avec une facture totale désormais estimée à 13,2 milliards d’euros, selon EDF. Soit quatre fois le devis initial de 3,3 milliards d’euros.

La technologie du réacteur pressurisé européen, ou EPR, était pourtant vendue comme le fleuron de la technologie nucléaire moderne et comme une réponse de pointe à la catastrophe de Tchernobyl de 1986 (en offrant une sûreté et une puissance accrues). Mais cette belle promesse aura été particulièrement mise à mal par les multiples contretemps tout au long du chantier. Qu’il s’agisse de fissures dans le béton de la dalle, d’anomalies dans l’acier de la cuve ou de défauts de soudure.

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