L’empreinte carbone de la guerre, un impensé

Réduire nos émissions de gaz à effet de serre. C’est la seule façon de limiter le réchauffement de la planète, avec ses événements météorologiques toujours plus violents. Les transports, l’agriculture, l’industrie – chacun d’entre nous, même –, tout le monde et tous les secteurs sont amenés à faire des efforts, à modifier leurs habitudes, à innover pour réduire leur poids sur le climat.

Mais il y a une source d’émissions particulièrement opaque. C’est la guerre.

Ce n’est pas que nous détournons le regard quand les bombes s’abattent sur Kiev ou Gaza. Ce n’est pas de la fausse pudeur. Ce n’est pas que le climat serait un sujet futile ou indécent quand des humains meurent, se battent ou sont contraints de fuir. “Il est nécessaire d’examiner le bilan carbone des conflits, au même titre que l’on étudie leurs conséquences humanitaires, économiques ou environnementales au sens large”, insiste, dans une tribune du Guardian Doug Weir, directeur de l’Observatoire des conflits et de l’environnement, une organisation britannique qui étudie les dimensions environnementales des conflits armés et des activités militaires.

Mohammad Ali Rajaeifar, expert en développement durable à l’université de Newcastle, et sept autres scientifiques ne disaient pas autre chose dans Nature dès novembre 2022 : “Les chercheurs doivent documenter et comprendre la façon dont les conflits armés affectent le climat et les sociétés. Ce sont des mécanismes complexes mais essentiels si l’on veut identifier des solutions bas carbone pour la reconstruction de pays en guerre, comme l’Ukraine, ainsi que pour mieux comprendre les coûts à long terme de ces conflits.”

Le problème, c’est qu’on ne sait pas grand-chose de tout ce qui touche aux armées, à leurs activités ou à la voracité de leurs engins en combustibles fossiles, par exemple. Lors des négociations du protocole de Kyoto, en 1997, les délégués américains ont fait pression, au nom de la sécurité nationale, pour que l’armée soit exemptée de l’obligation de déclarer ses émissions de gaz à effet de serre. “Cette situation perdure, bien que les arguments avancés à l’époque ne soient plus recevables : il existe aujourd’hui des méthodes permettant de calculer les émissions produites tout au long de chaînes d’approvisionnement internationales sans révéler d’information sensible ni enfreindre les droits de propriété intellectuelle”, assurent les chercheurs dans Nature. Mais on n’y est pas.

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