Sur l’autonomie de la Corse, Bruno Retailleau s’inquiète d’un « pas dangereux » après l’accord

Le patron du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau.
LUDOVIC MARIN / AFP Le patron du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau.

POLITIQUE - Hashtag « boîte de Pandore ». Le chef de file des sénateurs Les Républicains Bruno Retailleau a dénoncé ce mardi 12 mars un « pas dangereux » après l’accord trouvé dans la nuit entre l’État et des élus de Corse sur un projet d’écriture constitutionnelle reconnaissant un « statut d’autonomie » de l’île.

« Contrairement aux proclamations officielles, le projet sur la Corse revient bien à constitutionnaliser le communautarisme. Reconnaître “une communauté historique, linguistique et culturelle” revient bien à reconnaître la notion de peuple corse », a fustigé sur X le patron du groupe LR, première force politique au Sénat.

C’est une étape « à franchir », a-t-il expliqué sur le réseau social. Et d’indiquer que dans la foulée de la réunion corse, « le président du Sénat a reçu une lettre du président de la région Bretagne pour demander à son tour la modification de la Constitution », souligne-t-il, accompagnant son message du hashtag « boîte de Pandore ».

La droite sénatoriale s’oppose au projet d’écriture constitutionnelle sur lequel le gouvernement et des élus de Corse sont tombés d’accord dans la nuit de lundi à mardi au ministère de l’Intérieur.

En septembre 2023, Bruno Retailleau précisait ne pas être opposé « par principe à ce que la Corse figure dans la Constitution pour ancrer sa spécificité territoriale et culturelle. » En revanche, il s’oppose à ce que la Corse bénéficie d’un titre spécifique, comme c’est le cas pour la Nouvelle-Calédonie par exemple. Lui estime que les spécificités corses peuvent figurer dans l’article relatif aux collectivités territoriales.

Avant le Parlement, passage obligé devant l’Assemblée corse

Le premier alinéa du texte de compromis entre le gouvernement et les élus corses prévoit « la reconnaissance d’un statut d’autonomie pour la Corse au sein de la République, qui tient compte de ses intérêts propres liés à son insularité méditerranéenne, à sa communauté historique, linguistique, culturelle, ayant développé un lien singulier à sa terre ». Le gouvernement et une majorité d’élus sont aussi tombés d’accord sur le fait que « les lois et règlements peuvent faire l’objet d’adaptation » sur l’île, selon Gérald Darmanin.

Ces deux dispositions phares irritent la droite sénatoriale, acteur clé pour faire aboutir une révision constitutionnelle car le projet devra être validé dans les mêmes termes par l’Assemblée nationale et le Sénat. « Le gouvernement réintroduit de manière détournée les totems nationalistes », s’est alarmé auprès de l’AFP le sénateur de Corse-du-Sud Jean-Jacques Panunzi, apparenté au groupe LR. « S’il est accepté, ce projet fera l’objet de propositions identiques d’autres régions et conduira à l’émiettement de la France », a-t-il ajouté, redoutant également que « le pouvoir législatif n’échappe au Parlement » après cette révision.

Le projet d’écriture constitutionnelle va désormais être transmis à l’Assemblée territoriale corse pour qu’elle le vote, avant l’engagement de la réforme constitutionnelle au Parlement, où le texte devra être approuvé par les deux chambres puis par les trois cinquièmes des parlementaires réunis en Congrès.

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