L’association co-fondée par Gisèle Halimi ne participera pas à l’hommage national du 8 mars

Gisèle Halimi, en tant qu'avocate de femmes accusées d'avortement illégal, permet l'acquittement de trois des accusées ainsi qu'un sursis pour la quatrième. (Photo by Alain Dejean/Sygma via Getty Images)
Gisèle Halimi, en tant qu'avocate de femmes accusées d'avortement illégal, permet l'acquittement de trois des accusées ainsi qu'un sursis pour la quatrième. (Photo by Alain Dejean/Sygma via Getty Images)

POLITIQUE - Sans elles. L’association « Choisir la cause des femmes », co-fondée par Simone de Beauvoir et Gisèle Halimi a refusé l’invitation de la présidence de la République à participer à l’hommage national prévu en mémoire de l’avocate le 8 mars prochain, y voyant une forme « d’instrumentalisation politique ».

Plus de deux ans après la mort de Gisèle Halimi, Emmanuel Macron va présider une cérémonie en l’honneur de l’avocate lors de la journée internationale des droits des femmes. Ce après plusieurs promesses jamais concrétisées et alors que l’entrée au Panthéon de la militante se fait toujours attendre, en dépit de nombreuses demandes en ce sens.

« Instrumentalisation politique »

Ces « atermoiements » ne sont qu’une des raisons qui poussent la présidente de l’association « Choisir », co-fondée en juillet 1971 par l’avocate et d’autres figures engagées au service des femmes, à refuser l’invitation, comme le justifie Violaine Lucas dans une lettre cinglante adressée à Emmanuel Macron le 2 mars.

Fustigeant un hommage « précipité et au rabais », cette dernière dénonce une « instrumentalisation politique (qui) ne trompera personne ».

« Rendre hommage à l’occasion de la journée internationale des luttes pour les droits des femmes à l’une des plus grandes combattantes françaises pour la dignité des femmes et des peuples serait une idée de bon sens si elle n’arrivait de façon aussi inattendue, après deux ans et demi d’atermoiements, et au moment d’un grand mouvement social auquel elle aurait, sans aucun doute possible, pris une part active », écrit Violaine Lucas.

Pas la « caution féministe » d’Emmanuel Macron

Le 7 mars, veille de l’hommage prévu, une nouvelle mobilisation contre la réforme des retraites est effectivement attendue. Trois mois après sa présentation, l’opposition au projet du gouvernement ne cesse de grossir, les femmes y étant particulièrement défavorables, à 77 % contre 65 % d’hommes, selon les résultats du baromètre YouGov pour Le HuffPost.

Et pour cause : en janvier, le ministre des Relations avec le Parlement Franck Riester a admis que les femmes seraient effectivement plus « un peu » plus pénalisées que les hommes par le recul de l’âge légal - au moins dans un premier temps. Depuis, les démentis récurrents du gouvernement, à commencer par ceux de la Première ministre Élisabeth Borne, n’ont rien changé à la colère féminine. Pour la journée du 7 mars, l’association « Choisir » évoque ainsi dans sa lettre une « grève des femmes le 8 mars qui prendra le relais pour dénoncer à son tour une réforme particulièrement injuste ».

Au-delà de la réforme, la présidente de l’association s’insurge contre « les états d’âme » du président de la République sur d’autres combats chers à Gisèle Halimi. Elle liste les « luttes féministe, sociale, anticapitaliste, anticolonialiste, antiraciste, anti-impérialiste, la cause palestinienne ». Sans oublier celle contre les violences policières, qu’Emmanuel Macron a un temps réfutées avant de se résoudre à les admettre.

« Ce 8 mars 2023, nous aurons d’autres choses à faire que de vous servir de caution féministe au moment où la France populaire, celle de la relégation sociale, celle des banlieues et des provinces que vous méprisez, se soulèvera contre le monde que vous incarnez », cingle Violaine Lucas. Avant de conclure : « Monsieur le Président de la République, ce 8 mars 2023, avec toutes les féministes, c’est Gisèle Halimi elle-même qui sera absente de votre hommage. » De quoi porter une sérieuse atteinte à la symbolique de l’hommage.

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